La Côte d'Ivoire du président Alassane Ouattara a engagé la relance de son économie mais la réconciliation piétine, un an après la chute de Laurent Gbagbo et une crise sans précédent qui a fait quelque 3.000 morts.
Une "nouvelle Côte d'Ivoire", clament les partisans du nouveau pouvoir.Le pays est en tout cas revenu de l'enfer: le 11 avril 2011, après quatre mois d'une crise meurtrière et deux semaines de guerre, M. Gbagbo était arrêté, hébété, à sa résidence d'Abidjan par les ex-rebelles pro-Ouattara grâce à l'appui décisif de la force française Licorne.
"Le 11 avril marque la victoire de la volonté du peuple sur la négation du suffrage universel", affirme à l'AFP Amadou Soumahoro, chef du parti de M. Ouattara, le Rassemblement des républicains (RDR), qui a prévu des manifestations cette semaine pour célébrer "l'an un de la libération".
En refusant de reconnaître sa défaite à l'élection de novembre 2010, l'ex-président a provoqué une crise qui s'est traduite par un déchaînement inédit de violences, épilogue sanglant d'une décennie de tourmente.Une guerre civile a été évitée de justesse.
Un an après, la métropole économique Abidjan est constellée de chantiers, et ses hôtels sont pleins d'hommes d'affaires étrangers qui ne veulent pas rater le coche.
Car les perspectives sont prometteuses: après un effondrement en 2011 pour cause d'impasse politique, la croissance attendue en 2012 se situe au-delà de 8% chez le premier producteur mondial de cacao, toujours première puissance économique d'Afrique de l'Ouest francophone.
Les autorités espèrent décrocher en juin un allègement considérable de la dette extérieure, dans le cadre d'un programme du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM).
"dialogue politique"
Mais pas sûr que la reprise économique (avec les créations d'emplois espérées) suffise à apaiser les coeurs, notamment dans l'Ouest qui fut l'épicentre des tueries.
"Il est nécessaire d'instaurer un dialogue politique concret, il faut que les gens puissent se parler" pour éviter que dans chaque camp on retombe dans "l'exclusion" de l'autre, insiste Rinaldo Depagne, expert à International Crisis Group (ICG).
On en est encore loin.Le camp Gbagbo reste sous le choc de la perte du pouvoir et du transfert de son mentor fin novembre 2011 à La Haye à la Cour pénale internationale (CPI), qui le soupçonne d'être "coauteur indirect" de crimes contre l'humanité commis par ses forces.
Ses principaux lieutenants sont en détention dans le nord du pays ou en exil et son parti, le Front populaire ivoirien (FPI), a boudé les législatives de décembre dernier, laissant triompher un RDR déjà accusé de régner sans partage.
L'ex-Premier ministre Charles Konan Banny a beau, comme lors d'une récente cérémonie, s'agenouiller pour inviter chacun à la repentance et au pardon, la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) qu'il dirige cherche encore sa place.
Et les bavures répétées des Forces républicaines (FRCI), la nouvelle armée intégrant de nombreux ex-rebelles, ne montrent pas seulement l'urgence d'une réforme militaire et d'un plan de désarmement-réinsertion, encore dans les limbes.Elles illustrent souvent les tensions persistantes entre communautés, et entre "vainqueurs" et "vaincus".
Mais les choses sont sur le point de bouger, assure un diplomate africain en poste à Abidjan: la reprise du "dialogue politique" figure en tête de la feuille de route du nouveau Premier ministre Jeannot Ahoussou Kouadio, et le FPI serait prêt à "s'inscrire dans la dynamique de la réconciliation".Après les haines recuites et les silences pleins de soupçons, bientôt les retrouvailles?
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