Depuis quelques années, les poulets de Neels Van Wyk naissent avec une déformation de la colonne vertébrale, que le Sud-Africain attribue à la pollution des eaux de sa ferme par les anciennes mines de la région de Johannesburg.
"J'ai peur que l'eau de mon puits ne soit contaminée", confie à l'AFP cet agriculteur de 48 ans, dont l'exploitation est située à Westonaria, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Johannesburg.
"Je vend des pêches et des légumes.Qu'est-ce qui va se passer si mon eau est polluée ?"
Pendant plus d'un siècle, quatre mines d'or et d'uranium ont encadré sa ferme.Elles ont stoppé leurs opérations une à une jusqu'en 1999, arrêtant du même coup de pomper leurs eaux usées.
Depuis, les eaux de pluie ont infiltré les lieux et ont transporté des particules acides et parfois radioactives jusqu'aux rivières et aux sources des environs.
Les militants écologistes tirent la sonnette d'alarme: selon eux, les eaux polluées vont atteindre la capitale économique de l'Afrique du Sud dans un an et demi et créer d'énormes problèmes de santé publique.
"Il y a urgence", estime Mariette Liefferink, directrice de la Fédération pour un environnement durable."Les eaux usées contiennent des acides aussi corrosifs que ceux des piscines, et un cocktail de métaux radioactifs et de métaux lourds", dit-elle.
Les eaux polluées, actuellement situées à environ 500 mètres de la surface, remontent d'environ 30 centimètres par jour, alors que la saison des pluies n'a pas encore commencé.
Le gouvernement reconnaît qu'elles pourraient atteindre une zone tampon à 150 mètres du sol d'ici 2012.Mais il estime disposer d'une année pour réagir et appelle la population à rester calme.
"Nous n'atteindrons pas ce stade, nous agirons avant.Les eaux polluées ne toucheront pas Johannesburg", promet Marius Keet, un responsable des services d'eau."C'est un problème urgent, mais pas une situation de crise", assure-t-il.
L'Afrique du Sud abrite au total 6.000 mines à l'abandon, dont la plupart appartenaient à des entreprises qui ont cessé toute activité, ce qui laisse l'Etat en charge de leur entretien dans 70% des cas.
Mais le gouvernement ne dispose pas du 1,5 milliard de rands (217 millions de dollars, 156 millions d'euros) nécessaire pour mener un plan de réhabilitation sur dix ans de ces sites.
"Et quand le bassin sous-terrain déborde, il n'y a pas de plan d'action", accuse Mme Liefferink."Ce qui manque, c'est une volonté politique et une distribution claire des responsabilités", dit-elle.
Neels Van Wyk confirme s'être heurté à des portes closes, quand il a soulevé ses doutes sur la qualité de l'eau de son puits.
"Je suis allé à la mairie pour évoquer mon problème, mais ils n'ont rien fait.J'ai contacté la mine, mais ils n'ont été d'aucune aide", raconte-t-il, en soupirant: "je veux juste transmettre mon inquiétude aux gens compétents pour qu'ils prennent le problème en main."
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