Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a prévenu dimanche à Addis Abeba que la crise entre le Soudan du Sud et le Soudan constituait désormais une "menace majeure" pour la paix, après avoir créé la surprise en défendant les droits des minorités homosexuelles en Afrique.
M. Ban, qui venait d'intervenir devant un sommet de l'Union africaine, a reproché aux présidents sud-soudanais, Salva Kiir, et soudanais, Omar el-Bechir, "un manque de volonté politique", et il les a appelés, lors d'une conférence de presse, à "faire les compromis nécessaires" pour maintenir la fragile paix entre leur pays.
"La situation au Soudan et au Soudan du Sud a atteint un point critique, elle est devenue une menace majeure pour la paix et la sécurité à travers la région", a prévenu le responsable de l'ONU.
Depuis son indépendance le 9 juillet dernier, le Soudan du Sud, qui possède les trois quarts de la production pétrolière soudanaise, ne peut les exporter que par un unique oléoduc traversant le Soudan.
Les négociations sur le partage de cette manne pétrolière étant dans l'impasse depuis des mois, le Soudan a décidé de retenir une partie du brut sud-soudanais depuis le mois dernier pour se payer "en nature".
Le gouvernement sud-soudanais a annoncé en représailles qu'il interrompait sa production pétrolière, et le ministre du pétrole Stephen Dhieu Dau a assuré dimanche à l'AFP que "très peu de pétrole" était désormais exporté.
Avant les accords de paix de 2005 ouvrant la voie à l'indépendance du Soudan du Sud, le Nord et le Sud du Soudan s'étaient livré une guerre civile de 20 ans, et de nombreux observateurs craignent une possible reprise des hostilités.
Le secrétaire général de l'ONU avait auparavant appelé à la tribune les dirigeants africains à relever le "défi" de la défense des droits des homosexuels.
Alors que l'homosexualité est interdite par la loi dans une large majorité de pays africains - à quelques exceptions, comme l'Afrique du Sud - M. Ban a dénoncé les gouvernements qui "traitent les gens comme des citoyens de seconde classe, voire des criminels" en raison de leur orientation ou de leur identité sexuelle.
En Ouganda, où le Parlement discute depuis des mois d'une législation renforçant encore plus la pénalisation de l'homosexualité, qui serait passible de la peine de mort dans certains cas de récidive, le gouvernement a déjà prévenu qu'il ne tiendrait aucun compte des recommandations de M. Ban.
"Nous respectons (les homosexuels) en tant qu'êtres humains mais nous condamnons fermement leurs pratiques et leur orientation", a déclaré à l'AFP Simon Lokodo, ministre de l'Ethique et de l'Intégrité.
Au premier jour de leur sommet, les dirigeants de l'UA ont élu par ailleurs leur nouveau président pour l'année à venir, une fonction largement symbolique, en la personne du président béninois, Thomas Boni Yayi.
Il prend le relais du chef d'Etat équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, dont l'élection avait été considérée l'an dernier par les organisations de défense des droits de l'Homme comme un signal désastreux en raison, selon elles, de son bilan exécrable dans ce domaine.
"L'Afrique ne doit pas être remise en cause en ce qui concerne la démocratie, les droits de l'Homme", a d'ailleurs prévenu M. Obiang, après un discours de M. Ban mettant l'accent sur la défense des libertés individuelles.
Ban Ki-moon avait estimé que les révolutions arabes constituaient "un rappel que les dirigeants doivent écouter leur peuple", alors que le Sénégal connaît à présent des violences qui secouent le pays, depuis la validation controversée de la candidature à la prochaine présidentielle du président Abdoulaye Wade, 85 ans.
Lundi, les dirigeants africains doivent élire le nouveau président de la Commission de l'UA, et choisir entre le sortant, le Gabonais Jean Ping, et l'ancienne chef de la diplomatie sud-africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma.
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