Le médiateur pour le Darfour préfère donner plus de temps aux rebelles récalcitrants pour rejoindre le processus de paix que signer un accord rapide avec un seul mouvement armé, a-t-il dit dimanche au début d'une tournée dans cette région soudanaise en proie à la guerre civile.
Djibril Bassolé, négociateur en chef de l'ONU et de l'Union africaine pour le Darfour, et le ministre d'Etat du Qatar aux Affaires étrangères Ahmad ben Abdallah al-Mahmoud, ont entamé dimanche une visite de quatre jours au Darfour, où ils doivent visiter des camps de déplacés.
Il s'agit de la première tournée conjointe de M. Bassolé et du ministre qatari, dont le pays parraine le processus de paix pour le Darfour, théâtre depuis sept ans d'une guerre civile à l'origine de 300.000 morts selon les estimations de l'ONU - 10.000 d'après Khartoum - et 2,7 millions de déplacés.
"Nous sommes dans la phase finale de l'adoption d'un accord global de paix, en tout cas un document, car je ne sais pas si on va l'appeler accord ou pas", a dit Djibril Bassolé dans un entretien avec l'AFP.
La rébellion darfourie est actuellement scindée en trois blocs, ce qui complique les pourparlers de paix.
Le Mouvement pour la libération et la justice (LJM), regroupement de petites factions armées, négocie depuis plusieurs mois à Doha un document de paix avec le gouvernement soudanais.
Le mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), le plus militarisé des groupes rebelles du Darfour, dispose d'une délégation à Doha, mais n'a pas négocié cet accord, alors que l'Armée de libération du Soudan (SLA) d'Abdelwahid Nour refuse de se joindre au processus.
"Le LJM a négocié, mais ce n'est pas un accord pour le LJM.Ce qui est valable pour eux, bon pour eux, est bon pour le Darfour et les autres mouvements...Nous voulons élargir la base de l'accord", ajoute M. Bassolé.
Et pour élargir cette base, la médiation mise sur deux chevaux: la société civile du Darfour et la rébellion récalcitrante.
Le but de cette visite au Darfour est donc de tenir la population "informée de ce qui se passe, recueillir leur point point de vue, leur contribution et surtout leur adhésion", a indiqué M. Bassolé.
Car si des aspects d'un accord de paix comme un cessez-le-feu impliquent des pourparlers avec la rébellion, d'autres concernent avant tout les victimes du conflit.
"Comme il s'agit de problèmes sociaux, économiques, politiques, avec la question de la marginalisation, il est bon que les représentants de la société aient leur mot à dire, afin que l'on puisse faire accepter l'accord", dit-il.
Mais un accord de paix sans la signature de l'ensemble de la rébellion risquerait de provoquer de nouveaux affrontements fratricides entre groupes rebelles.
Le JEM a proposé cette semaine une série de "réformes" au processus de paix de Doha, alors qu'Abdelwahid Nour, leader exilé à Paris, s'est entretenu à Nairobi avec des membres de son mouvement en préparation d'une réunion à Paris qui devrait décider de sa participation ou non au processus de Doha.
"Si on a le bonheur d'accueillir Abdelwahid à Doha...s'il faut un peu plus de temps pour bien faire les choses et amener tout le monde à adhérer, on demandera aux parties de voir comment on peut le faire.On est plus à une semaine, un mois près", insiste M. Bassolé.
"C'est peut-être même mieux que l'on prenne un peu plus de temps pour pouvoir recoller tous les morceaux", ajoute-t-il.
Le gouvernement soudanais presse pour un accord avant la fin de l'année, car il aura d'autres préoccupations en 2011 avec le référendum d'indépendance du Sud-Soudan, un scrutin qui pourrait mener à la partition du pays et changer le rapport de force entre Khartoum et la rébellion darfourie.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.