Des milliers d'Egyptiens à Tahrir pour "l'unité nationale"

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LE CAIRE (AFP)

"Musulmans, chrétiens, une seule main, une seule nation": des milliers d'Egyptiens ont manifesté vendredi sur l'emblématique place Tahrir au Caire pour "l'unité nationale", après des violences confessionnelles qui ont fait 15 morts la semaine dernière.

Dans la foule hétéroclite, beaucoup brandissaient aussi des drapeaux syriens, libyens ou encore palestiniens.

Une marche devant partir de Tahrir vers Gaza est prévue samedi et dimanche pour dénoncer l'occupation par Israël des Territoires palestiniens, à l'occasion de l'anniversaire de la création de l'Etat hébreu en 1948, qui a entraîné l'exode de quelque 760.000 Palestiniens et reste appelée "Nakba" (catastrophe) dans le monde arabe.

"Unité nationale", proclamait une énorme banderole accrochée à l'un des immeubles surplombant la place et arborant une croix et un croissant entrelacés --symboles du christianisme et de l'islam.

"Si tu attaques un chrétien, tu attaques tous les Egyptiens", a lancé un homme juché sur une tribune de fortune.

"Les églises attaquées à Imbaba ne sont pas moins importantes que les mosquées attaquées à Jérusalem", a-t-il ajouté, liant les deux thèmes du rassemblement de vendredi.

Imbaba est un quartier populaire du Caire où 15 personnes ont été tuées et plus de 200 blessées samedi lorsque des musulmans ont attaqué deux églises, affirmant qu'une chrétienne convertie à l'islam était détenue dans l'un des lieux de culte.

Ces violences ont relancé les inquiétudes sur la stabilité du pays et soulevé une vague de protestations internationales.

"L'unité nationale était là pendant la révolution mais les restes de l'ancien régime veulent détruire le pays", a affirmé Ahmed Muhanna, le front ceint d'un bandeau proclamant "Armée de Mahomet".

La place Tahrir a été au coeur de la contestation populaire de janvier et février qui a poussé le président Hosni Moubarak à la démission.

Mais de nombreux manifestants chrétiens ont refusé de gagner la place vendredi, préférant rester devant le bâtiment de la télévision d'Etat non loin de là, où les Coptes ont commencé un sit-in après les violences du 7 mai.Un millier d'entre eux, dont beaucoup brandissaient des croix en bois, scandaient "Nous irons prier à l'église quoi qu'il arrive".

Place Tahrir, les manifestants ont également écouté des discours dénonçant Israël et appelant à soutenir les Palestiniens.Un dignitaire religieux a accusé les dirigeants arabes d'avoir "vendu" les Palestiniens pour garder leur poste.

Les autorités égyptiennes ont fermé vendredi l'accès au Sinaï, frontalier de la bande de Gaza, pour empêcher la marche prévue des militants pro-palestiniens.

Le dignitaire a aussi dénoncé les tensions sectaires latentes en Egypte.

"Egyptiens, vous avez été unis par la place Tahrir, et maintenant Camelia Chehata vous divise", a-t-il dit, en référence à l'épouse d'un prêtre dont les islamistes affirment qu'elle est détenue par l'Eglise copte après s'être convertie à l'islam.

Les appels à manifester vendredi place Tahrir et à travers le pays contre les divisions religieuses s'étaient multipliés ces derniers jours sur les réseaux sociaux.

Les Coptes, qui représentent de 6 à 10% des Egyptiens, s'estiment discriminés dans une société en grande majorité musulmane.Ils ont été visés par plusieurs attentats, en particulier celui du Nouvel an contre une église à Alexandrie (21 morts).

Et depuis des mois, l'Egypte connaît une montée des tensions confessionnelles alimentées par des polémiques autour de femmes coptes qui souhaiteraient se convertir à l'islam mais seraient maintenues cloîtrées par l'Eglise.

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