Des milliers de personnes participaient lundi aux funérailles de quatre Coptes, dont deux fillettes, tués dans la nuit devant une église au Caire, premier attentat contre cette communauté dans la capitale depuis la destitution début juillet du président islamiste par l'armée.
Au milieu de fidèles à l'étroit dans l'église de la Vierge dans le quartier populaire d'Al-Warrak, théâtre dimanche soir de tirs sur les participants à un mariage, des prêtres, brandissant d'imposantes croix, se frayaient un passage.
Autour d'eux, une foule portant les cercueils scandait des slogans réclamant la justice et juraient de "défendre la Croix"."C'est injuste.Des chrétiens ont été tués dans la maison de Dieu", lançait Eid Fayez, 42 ans.
Des policiers étaient déployés à l'extérieur du lieu de culte.
Des témoins ont raconté à l'AFP comment la fête a tourné à l'horreur lorsque des hommes armés ont tiré à l'aveugle avant de prendre la fuite, faisant quatre morts et 17 blessés, selon les services de secours.
Parmi les victimes, toutes coptes et membres d'une même famille élargie selon des proches, figurent deux fillettes de 8 et 12 ans.
"Trois hommes, cagoulés, se sont approchés de nous sur leurs motos.Deux ont tiré sur nous et d'un coup il n'y a plus eu que du sang et le chaos partout", a raconté Mouawad Waguih, 40 ans, rencontré dans la morgue où les corps des victimes ont été transportés.
Les Coptes, qui représentent 10% des 85 millions d'Egyptiens, se disent de longue date marginalisés dans le plus peuplé des pays arabes.
Ils ont été à plusieurs reprises la cible d'attaques, mais il s'agit du premier attentat à les viser dans la capitale depuis la destitution le 3 juillet de Mohamed Morsi par l'armée, après des manifestations d'une ampleur inédite réclamant son départ.
"Nous, les Coptes, payons le prix de la destitution de Morsi", a déclaré à l'AFP Imane Gerges."Nous sommes visés et nous ne nous sentons plus en sécurité nulle part", a ajouté cette femme de 40 ans.
Les forces de l'ordre pointées du doigt
Un fidèle, Ayman Moussa, a affirmé à l'AFP que l'église ne bénéficiait d'aucune protection des forces de sécurité depuis le 30 juin, date de la première manifestation monstre contre M. Morsi.
Militants et chrétiens en Egypte accusent régulièrement les forces de l'ordre de les avoir abandonnés au moment où les islamistes multipliaient, selon eux, les attaques en représailles à la violente répression menée par les autorités installées par l'armée contre les partisans du président déchu.
Des dizaines d'églises, de maisons et de commerces appartenant à des Coptes avaient été attaqués et incendiés, dans le centre du pays en majorité, durant les jours et les semaines qui ont suivi la dispersion dans un bain de sang de deux importants rassemblements pro-Morsi au Caire le 14 août.
Début octobre, Amnesty International avait accusé les forces de sécurité d'avoir échoué à protéger les Coptes.
Le pape copte Tawadros II était présent aux côtés du chef de la toute-puissante armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, lorsqu'il a annoncé la déposition de M. Morsi le 3 juillet.Depuis, les islamistes accusent les Coptes d'avoir soutenu le coup de force de l'armée contre le premier président élu démocratiquement d'Egypte.
Le Premier ministre Hazem Beblawi a condamné l'attentat de dimanche comme "un acte criminel méprisable" et assuré que les forces de sécurité recherchaient les assaillants."Des actes aussi terribles ne parviendront pas à diviser musulmans et chrétiens", a-t-il ajouté.
Les Frères musulmans ont déploré l'attaque et accusé les autorités d'"ignorer des actes délibérés d'incendies criminels, de vandalisme et de meurtres".
La France s'est dite de son côté "vivement préoccupée par les nombreuses violences qui, notamment depuis le mois d'août, visent les Coptes".
Les tensions pourraient être encore exacerbées par le procès le 29 octobre du Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, et de ses adjoints, ainsi que de celui de M. Morsi prévu à partir du 4 novembre pour "incitation au meurtre" de manifestants.
Le dernier attentat meurtrier contre une église copte en Egypte remontait au 1er janvier 2011 et avait fait 23 morts et 79 blessés, en grande majorité chrétiens, à la sortie de la messe du Nouvel An à Alexandrie (nord).
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