Le virus Nipah et d'autres henipavirus, à l'origine de maladies virales émergentes graves et jusqu'à présent uniquement observées en Australie et en Asie, ont été transmis par des chauves-souris à l'homme en Afrique, selon une étude publiée mardi.
En analysant des échantillons sanguins de 44 chauves-souris frugivores et de 487 personnes dans le sud du Cameroun, des chercheurs américains ont découvert que près de la moitié des chauves-souris et environ 1% des personnes étudiées présentaient des anticorps contre les henipavirus, notamment le virus Nipah, résultat indiquant soit une infection actuelle soit une infection passée.
Les personnes avaient été divisées en deux groupes, dont l'un avait eu des contacts avec des chauves-souris, et l'autre pas.Dans ce dernier groupe, personne n'a présenté un résultat positif, contrairement au premier où 3 à 4% des sujets étudiés avaient des anticorps, précise l'étude publiée dans la revue scientifique Nature Communications.
Bien que le virus Nipah soit inoffensif pour les chauves-souris, il a provoqué des infections graves chez plusieurs animaux domestiques, dont les porcs.Il a surtout été à l'origine de plusieurs cas graves et décès chez l'homme en Malaisie, à Singapour, au Bangladesh et en Inde.
De récents foyers d'épidémie ont provoqué des syndromes respiratoires aigus et des encéphalites, une transmission de personne à personne et une mortalité de plus de 90% chez les personnes infectées.
Parmi les autres henipavirus identifiés jusqu'à présent figure le virus Hendra qui n'a pour l'instant été observé qu'en Australie et qui peut provoquer un syndrome respiratoire et neurologique parfois mortel.
Les réservoirs naturels de ces deux virus sont les chauves-souris frugivores du genre Pteropus.
Les chercheurs soulignent qu'à ce stade ils ne peuvent pas dire si les personnes infectées au Cameroun sont restées asymptomatiques ou si elles ont développé des maladies.
Les personnes positives vivaient pratiquement toutes dans des régions ayant connu d'importantes déforestations et qui avaient rapporté avoir manipulé de la viande de chauve-souris.
"Nos résultats justifient une surveillance accrue pour déterminer la fréquence de ces transmissions en Afrique et la nécessité d'une collaboration internationale et d'une approche interdisciplinaire pour déterminer la virulence de ces henipavirus africains" concluent les auteurs de l'étude.
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