Cette attaque, revendiquée par Al-Qaïda et qui avait tué 17 soldats américains, avait été perpétrée par deux kamikazes qui s'étaient entraînés au Soudan, où le fondateur du groupe Oussama ben Laden avait vécu de 1992 à 1996.
Khartoum figure sur la liste depuis 1993, sur des accusations de soutien à des groupes extrémistes islamistes et, depuis plusieurs mois, les autorités de transition négocient avec Washington la fin de cette mise à l'index, indispensable selon elles pour relancer l'économie en berne du pays.
Des réparations pour les familles des victimes de l'attaque sont une condition sine qua none pour une telle mesure.
- "Réfléchir à deux fois" -
"Dans le cadre des efforts du gouvernement (...) pour retirer le Soudan de la liste (...), un accord a été signé le 7 février avec les familles des victimes de l'USS Cole", a indiqué le ministère soudanais de la Justice, sans donner le montant des compensations.
Conclu à Washington, l'accord "précise clairement que le gouvernement soudanais n'était pas responsable de l'attaque ou d'aucune attaque terroriste de la sorte et qu'il n'a conclu cet accord que pour (...) remplir la condition émise par l'administration américaine afin d'être retiré de la liste", a-t-il ajouté.
Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a indiqué pour sa part que le sujet de l'USS Cole était une des raisons pour laquelle le Soudan figurait sur cette liste, mais selon lui aucune décision n'a encore été prise pour l'y enlever.
"Nous sommes en train d'étudier la question de lever cette désignation (...) depuis un temps déjà", a-t-il dit à des journalistes.
Lors d'une réunion récente, "les Soudanais m'ont rappelé qu'ils aimeraient ne plus être sur cette liste, et nous réfléchissons toujours à deux fois avant d'enlever quelqu'un d'une liste comme ça", a-t-il ajouté.
Le 12 octobre 2000, le canot manoeuvré par les deux kamikazes avait explosé contre le destroyer américain USS Cole, qui s'approvisionnait en carburant dans la rade d'Aden, éventrant le flanc du bâtiment.
La justice américaine avait ensuite jugé que le Soudan, où les deux kamikazes s'étaient entraînés, avait une responsabilité dans l'attaque, ce que Khartoum a toujours nié.
En 2012, un juge de Washington avait ordonné au Soudan de verser plus de 300 millions de dollars aux familles des victimes.Mais, en mars 2019, la Cour suprême américaine avait annulé ce jugement pour des raisons de procédure.
- Prochaine visite à Washington -
Les relations entre Washington et Khartoum s'étaient détériorées peu après l'arrivée au pouvoir d'Omar el-Béchir, lors d'un coup d'Etat soutenu par des islamistes en 1989.
Outre le placement du Soudan sur leur liste noire, les Etats-Unis avaient imposé un embargo économique au pays à partir de 1997, levé 20 ans plus tard.
Omar el-Béchir a été renversé par l'armée en avril 2019 sous la pression d'une révolte populaire, et l'actuel gouvernement civil, formé quelques mois après cette destitution, a fait du retrait de la liste noire américaine une priorité pour le pays.
Selon des responsables et hommes d'affaires soudanais, le maintien du pays sur cette liste rend en effet les transactions financières internationales impossibles et barre la route aux investissements étrangers.
Le Soudan est frappé par une grave crise, avec une inflation annuelle de 60%, selon les chiffres officiels, et des réserves de devises quasi-inexistantes.
Les difficultés économiques chroniques ont été l'élément déclencheur de la vague de protestation en décembre 2018 qui a fini par emporter Omar el-Béchir.
Le Soudan s'est doté en août d'un Conseil souverain, une instance à majorité civile appelée à superviser la transition, selon un accord entre le Conseil militaire, qui avait succédé à M. Béchir, et les meneurs de la contestation.
Le 2 février, le Soudan a annoncé que le chef de ce Conseil, le général Abdel Fattah al-Burhane, avait été convié à une visite officielle à Washington, la première invitation d'un haut responsable soudanais par les Etats-Unis depuis plus de 30 ans.
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