Treize personnes ont péri mardi dans un attentat contre la police en Egypte, l'un des plus sanglants depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi, les autorités intérimaires y voyant la main des Frères musulmans accusés d'entraver la transition promise par l'armée.
Le ministère de l'Intérieur a précisé que 12 policiers figuraient parmi les morts et, selon des sources médicales, un civil a également péri dans l'attaque.Ces sources avaient précédemment fait état de 14 morts.En outre, plus d'une centaine de personnes ont été blessées.
La confrérie de M. Morsi, visée par une répression meurtrière des nouvelles autorités depuis l'éviction le 3 juillet du premier président élu démocratiquement d'Egypte, a aussitôt condamné l'attaque à la voiture piégée survenue à Mansoura, dans le delta du Nil.Mais sur le site de l'attentat, des voix se sont élevées pour pointer du doigt le mouvement islamiste.
"C'est une organisation terroriste internationale, ils sont responsables de ce qui s'est passé", a lancé un résident, Hamada Arafat, accusant la confrérie d'"adopter les tactiques d'Al-Qaïda".
Sur son lit d'hôpital, Mostafa Hadi, un policier blessé a raconté à l'AFP avoir "entendu une énorme explosion" puis, a-t-il dit, "j'ai été projeté en l'air et j'ai perdu connaissance".Un immeuble s'est écroulé, des façades ont été soufflées et un blindé de la police a été écrasé par l'explosion dans la nuit d'un camion chargé de dizaines de kilogrammes d'explosifs devant le QG de la police dans le chef-lieu de la province de Daqahleya, à une centaine de kilomètres au nord du Caire.
Peu après l'attentat, un conseiller du Premier ministre Hazem Beblawi affirmait d'ailleurs à l'agence officielle Mena que le chef du gouvernement avait qualifié les Frères musulmans d'"organisation terroriste".
Cette déclaration, à forte portée politique à trois semaines d'un référendum constitutionnel que la confrérie a appelé à boycotter, ne devrait toutefois pas entraîner de conséquences dans l'immédiat pour le mouvement islamiste, déjà suspendu par la justice.
Plus tard dans la journée, M. Beblawi a condamné devant les journalistes le "pire type de terrorisme", sans toutefois nommément accuser la confrérie.
Depuis Mansoura, le ministre de l'Intérieur Mohamed Ibrahim a estimé que l'attentat était "une tentative de terroriser les Egyptiens à cause du référendum".Mais, a-t-il promis, "il y a un plan pour sécuriser (le scrutin) et cela n'aura aucun impact sur le référendum" prévu les 14 et 15 janvier.Ce vote doit être la première étape de la transition qui doit se terminer avec la tenue d'élections législatives et présidentielle mi-2014.
Alors que le bâtiment visé mardi avait déjà été la cible d'une attaque qui avait tué un policier fin juillet, Ahmed Fouad, membre des forces de l'ordre a confié à l'AFP aller "chaque jour au travail, sans savoir s'(il) reviendrait vivant".
Il participait avec des milliers de personnes aux funérailles organisées pour les victimes de l'attaque.
'Attaque plus sophistiquée que les précédentes'
Les autorités accusent régulièrement la confrérie d'aider et de financer les auteurs des attaques contre les forces de l'ordre, quasi-quotidiennes depuis le début de l'été.
"Il n'y a rien de surprenant à ce que Beblawi, le Premier ministre-marionnette de la junte militaire, décide d'exploiter le sang des Egyptiens innocents avec des déclarations incendiaires destinées à créer plus de violence, de chaos et d'instabilité", ont rétorqué dans un communiqué les Frères musulmans, condamnant "dans les termes les plus forts" cet attentat.
"Cette attaque est plus sophistiquée que les précédentes.Cela pourrait être un signe annonciateur de ce qui va suivre (...) la contestation dans le Sinaï est renforcée et s'étend au-delà" de la péninsule, a estimé Shadi Hamid, directeur de recherche au Brookings Doha Center.
Depuis début juillet, des attaques visant la police et l'armée se sont multipliées, tuant plus d'une centaine de soldats et de policiers, en majorité dans la péninsule désertique du Nord-Sinaï. Des groupes jihadistes, dont certains liés à Al-Qaïda, revendiquent régulièrement ces attentats.
L'armée a destitué M. Morsi, affirmant répondre à la demande de millions de manifestants qui lui reprochaient de ne pas avoir su gérer le pays et de n'avoir servi que les intérêts de sa confrérie.Comme lui, la quasi-totalité de la direction de la confrérie est actuellement en prison, alors que la répression contre leurs partisans a fait plus d'un millier de morts.
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