Egypte: 4 morts, dont une journaliste, dans des heurts entre policiers et islamistes

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Le Caire (AFP)

Quatre personnes, dont une journaliste égyptienne, ont été tuées vendredi au Caire dans des heurts entre des policiers et des islamistes manifestant contre la candidature de l'ex-chef de l'armée, Abdel Fattah al-Sissi, à l'élection présidentielle. 

Des partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi ont défilé dans plusieurs villes du pays vendredi après l'annonce deux jours plus tôt de la candidature de M. Sissi, artisan de l'éviction de M. Morsi en juillet, à l'élection présidentielle pour laquelle il est donné grand favori.

Alors qu'elle couvrait une manifestation au Caire, dans le quartier de Aïn Chams, la journaliste Mayada Achraf, qui travaillait pour le quotidien privé Al-Doustour et le site internet Masr Alarabia, a été tuée d'une balle dans la tête, a indiqué un responsable de sécurité, ajoutant que trois autres personnes avait péri et dix avaient été blessées lors du même rassemblement. 

Dans son dernier article publié vendredi sur le site d'Al-Doustour, Mayada Achraf affirmait que des combats à balles réelles opposaient des pro-Morsi à des civils qui leur étaient hostiles. 

La police est ensuite intervenue, et c'est à ce moment que Mme Achraf a été séparée d'un de ses confrères, Mohamed Rabié, qui a ensuite tenté de la joindre au téléphone, a-t-il raconté.

"C'est un manifestant qui m'a répondu et qui m'a dit qu'elle était morte", a expliqué M. Rabié qui a retrouvé plus tard le corps de la journaliste dans une mosquée où des islamistes l'avaient transporté.

Un porte-parole du ministère de l'Intérieur a accusé les partisans de M. Morsi d'être responsables des morts.Un des manifestants a pour sa part affirmé à l'AFP que la police avait ouvert le feu au moment où le rassemblement commençait à se disperser. 

Un responsable au sein du ministère de la Santé, Khaled al-Khatib, a fait état de son côté de 17 blessés dans l'ensemble du pays, dont 13 au Caire et quatre dans la province de Damiette (nord).

Dix pro-Morsi ont été arrêtés lors des heurts à Damiette et 28 dans celle de Minya (sud), pour possession de brochures décriant l'armée et la police, ont rapporté des sources de sécurité. 

A Madinet Nasr, dans l'est du Caire, des étudiants de l'université d'Al-Azhar ont lancé des cocktails molotov et des pierres sur les policiers anti-émeute qui ont riposté à coups de gaz lacrymogènes, selon ces sources. 

La police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs autres rassemblements islamistes, selon l'agence officielle Mena.

 

- Calendrier électoral annoncé dimanche -

 

Célébrant pour leur part l'annonce de la candidature de Sissi, les partisans de l'homme fort du pays ont tenu plusieurs rassemblements vendredi en Egypte, notamment au Caire, sur la célèbre place Tahrir, et à Alexandrie, sur la côte méditerranéenne.

La commission électorale, chargée de l'élection présidentielle qui doit se tenir avant le mois de juin, a affirmé dans un communiqué qu'elle tiendrait dimanche une conférence de presse pour annoncer le calendrier électoral, a rapporté l'agence Mena.

Lorsqu'il a annoncé sa candidature mercredi soir, M. Sissi a promis de continuer à se battre "pour une Egypte débarrassée du terrorisme", alors que les forces de l'ordre sont devenues des cibles quasi-quotidiennes d'attaques meurtrières.

Si ces attaques ont été revendiquées en grande partie par un groupe inspiré d'Al-Qaïda, Ansar Beit al-Maqdess, les autorités les imputent aux Frères musulmans, dont est issu M. Morsi, qui ont été déclarés "organisation terroriste" en décembre.

La répression contre les Frères musulmans, lancée l'été dernier, a fait des centaines de morts et la quasi-totalité de la direction de la confrérie, à l'instar de M. Morsi en personne, emprisonnée, encourt désormais la peine de mort.

"Ce que nous avons dit il y neuf mois a été confirmé et le masque est tombé (...) avec l'annonce de la candidature (de M. Sissi, ndlr) à cette 'présidence sanglante'", a affirmé dans un communiqué jeudi une coalition de partisans du président déchu.

Dans un pays auquel l'armée a fourni tous les présidents -à l'exception de M. Morsi-, M. Sissi incarne l'homme fort, capable de faire revenir la stabilité dans un pays secoué par des crises à répétition.

Mais son accession attendue à la présidence devrait consacrer le retour d'un pouvoir autoritaire en Egypte, estiment les experts.

 

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