Egypte: abandon des charges pour meurtre contre Moubarak

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Le Caire (AFP)

Un tribunal égyptien a abandonné samedi l'accusation de complicité de meurtres de manifestants contre Hosni Moubarak, chassé du pouvoir en 2011 par une révolte populaire, mais l'ex-président restera en détention en raison d'une précédente condamnation.

Agé de 86 ans, Hosni Moubarak était jugé pour son rôle dans la répression sanglante des manifestations durant le soulèvement de janvier février 2011 qui l'a chassé du pouvoir.Il a par ailleurs été acquitté d'accusations de corruption dans une affaire séparée.

Néanmoins celui qui a dirigé pendant trois décennies le pays d'une main de fer va rester en détention dans un hôpital militaire car il purge une peine de prison de trois ans dans le cadre d'un autre jugement pour corruption.

Dans ce nouveau procès ouvert en mai 2013, le juge Mahmoud Kamel al-Rashidi a annoncé "l'abandon de l'accusation de complicité de meurtre contre M. Moubarak" en soulignant, sans autre explication, que le parquet n'avait pas à inclure initialement le nom de l'ex-président dans le procès des hauts responsables de la sécurité.

Le parquet peut faire appel du verdict.

Installé sur une civière et lunettes de soleil sur le nez, Hosni Moubarak s'est contenté d'un sourire discret à l'annonce du verdict.Ses deux fils, Alaa et Gamal, eux aussi accusés de corruption et disculpés pour prescription des faits, ont aussitôt embrassé leur père sur le front.

Au tribunal, des journalistes pro-Moubarak ont laissé éclater leur joie, scandant "Dis la vérité, soit audacieux, Hosni Moubarak est innocent".

 

- 'Je n'ai rien fait de mal' -

 

"Je n'ai rien fait de mal", a affirmé l'ex-président quelques heures plus tard, lors d'un court entretien téléphonique sur la chaîne de télévision privée Sada al-Balad.

"Quand j'ai entendu le premier verdict (en 2012), j'ai ri", a ajouté M. Moubarak, qui avait été alors condamné à perpétuité lors d'un premier procès ensuite annulé pour raisons techniques.

Pour son avocat Farid al-Deeb, ce verdict "prouve l'intégrité" du régime Moubarak.

Mais à l'extérieur de l'académie de police où siège la cour, Mostafa Morsi, qui a perdu son fils Mohamed en 2011, était consterné: "Ce verdict est injuste.Le sang de mon fils a coulé pour rien".

Plus de 846 personnes ont été tuées en 2011 durant les 18 jours de manifestations massives d'Egyptiens réclamant le départ de M. Moubarak, dans le sillage du Printemps arabe, et réprimées par la police.

Au même procès, sept autres accusés, des hauts responsables de la sécurité dont l'ex ministre de l'Intérieur Habib al-Adly, ont été acquittés.

Le régime de M. Moubarak, honni il y a quatre ans, a été réhabilité dans l'opinion publique depuis que l'ex-chef de l'armée et actuel chef de l'Etat Abdel Fattah al-Sissi a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013.

 

- 'Tête haute' -

 

Et des défenseurs des droits de l'Homme accusent régulièrement M. Sissi de vouloir refermer la parenthèse démocratique ouverte en 2011 alors que des figures de l'ancien régime effectuent leur grand retour sur la scène politique.

L'actuel Premier ministre Ibrahim Mahlab était ainsi un cadre du parti de M. Moubarak. Et M. Sissi était le chef des renseignements militaires sous le régime du président déchu.

Le verdict a été salué en Israël par l'ex-ministre de la Défense Binyamin Ben Eliezer, un proche de Moubarak: M. Moubarak "est un Egyptien patriote et un héros, qui a agi dans l'intérêt de son pays et pour la stabilité au Moyen-Orient, a-t-il dit dans un communiqué.Je suis content que mon ami puisse aujourd'hui se tenir tête haute avec fierté".

Très médiatisés au départ, les procès de Hosni Moubarak sont aujourd'hui éclipsés par ceux de son successeur, M. Morsi.

Ce dernier et la quasi-totalité des dirigeants de sa confrérie des Frères musulmans sont derrière les barreaux et encourent la peine de mort dans divers procès.Ils sont rétroactivement accusés par la presse d'être derrière les violences qui ont secoué le pays depuis 2011.

Après le coup de force de l'armée contre M. Morsi, plus de 1.400 manifestants islamistes ont été tués par la police et l'armée, essentiellement au Caire, et plus de 15.000 Frères musulmans ou sympathisants ont été emprisonnés.Des centaines ont en outre été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs.

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