Amnesty International a accusé jeudi l'Egypte d'arrêter et d'expulser des centaines de réfugiés ayant fui la Syrie, dénonçant le placement d'enfants en détention et la séparation de familles au cours de ces retours forcés vers le pays en guerre.
"L'Egypte retient illégalement des centaines de réfugiés syriens et palestiniens" ayant fui le conflit lancé en mars 2011 en Syrie, affirme dans un communiqué l'ONG de défense des droits de l'Homme, ajoutant que "des centaines (de réfugiés) ont été expulsés vers des pays de la région, dont la Syrie", l'Egypte "séparant ainsi des familles".
"L'Egypte échoue lamentablement à respecter ses obligations internationales de protéger même les réfugiés les plus vulnérables", a estimé Sherif Elsayed Ali, en charge des droits des réfugiés et des migrants à Amnesty International.�??Au lieu d'offrir un soutien vital aux réfugiés de Syrie, les autorités égyptiennes les arrêtent et les expulsent, en violation des droits de l'Homme", poursuit-il.
Amnesty affirme avoir visité un commissariat d'Alexandrie (nord) où sont détenus depuis le 17 septembre des jumeaux d'un an venus de Syrie, tandis qu'un garçonnet de neuf ans originaire d'Alep (nord de la Syrie), arrêté sur un bateau alors qu'il tentait d'émigrer, a été arrêté et empêché de voir sa mère durant quatre jours.
Des avocats ont affirmé à Amnesty International avoir été empêchés de représenter des demandeurs d'asile détenus, ajoute l'ONG, tandis que l'agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) n'a pu avoir accès à eux.Ces avocats ont ajouté qu'à au moins deux reprises, des expulsions collectives avaient eu lieu vers Damas.
Plus de 100.000 Syriens en Egypte
L'Egypte a accueilli plus de 100.000 Syriens, dont certains ont ensuite tenté de gagner l'Europe à bord d'embarcations surpeuplées.
La marine égyptienne a intercepté 13 de ces bateaux, rapporte Amnesty, ajoutant que, selon l'ONU, 946 personnes ont été arrêtées par les autorités, dont 724 --notamment des femmes et des enfants-- sont toujours en détention.
Le 11 octobre, 12 personnes se sont noyées dans le naufrage d'une embarcation transportant des réfugiés venus de Syrie au large d'Alexandrie, selon Amnesty qui rappelle que plus de 300 migrants --dont des Syriens-- ont péri le 3 octobre dans un naufrage près de l'île italienne de Lampedusa.
Alors que Le Caire a récemment imposé de nouvelles restrictions à l'entrée des Syriens sur son territoire, exigeant un visa et des autorisations avant leur départ, M. Ali estime que "l'Egypte devrait aider les Syriens à se remettre d'aplomb, pas leur mettre en permanence des bâtons dans les roues".
Une vague de xénophobie, alimentée notamment par des médias, vise les réfugiés syriens en Egypte depuis la destitution le 3 juillet du président Mohamed Morsi par l'armée.Ils sont accusés d'avoir participé aux manifestations de soutien à M. Morsi, membre des Frères musulmans, confrérie dominante au sein de l'opposition syrienne.
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