Quelques heurts ont opposé dimanche les forces de l'ordre aux partisans du président islamiste destitué par l'armée Mohamed Morsi en Egypte, où au moins une personne a été tuée, à l'occasion du 40e anniversaire de la guerre israélo-arabe de 1973.
L'armée, qui réprime dans le sang depuis près de deux mois toute manifestation des pro-Morsi, avait déployé bien davantage de blindés que d'ordinaire au Caire.
Dans le même temps, les anti-Morsi ont demandé aux Egyptiens de descendre massivement dans la rue pour soutenir l'armée et les autorités, ce qui laissait redouter de nouvelles violences.Vendredi, au moins quatre civils avaient péri dans des heurts entre pro et anti-Morsi au Caire.
Une personne a été tuée dimanche à la mi-journée à Delga, dans le centre de l'Egypte, dans des affrontements entre manifestants rivaux.Au Caire, dans l'après-midi, des heurts sporadiques ont éclaté entre pro et anti-Morsi et les policiers anti-émeute dispersaient les islamistes à coups de grenades lacrymogène, de chevrotine et de balles en caoutchouc, dès que leurs rassemblements grossissaient, ont constaté des journalistes de l'AFP.
M. Morsi, premier chef de l'Etat égyptien élu démocratiquement, a été destitué et arrêté le 3 juillet par l'armée, qui a promis des élections pour 2014 et dirige de facto le gouvernement intérimaire qu'elle a mis en place.
Comme chaque jour depuis sa destitution, les pro-Morsi --notamment l'influente confrérie islamiste des Frères musulmans-- ont appelé à manifester à l'occasion de la commémoration de la guerre du Kippour, que l'Egypte considère comme une "victoire" contre Israël dont elle avait réussi à enfoncer les défenses durant plusieurs jours.
Depuis le 14 août, militaires et policiers ont tué des centaines de manifestants pro-Morsi, arrêté plus de 2.000 Frères musulmans, dont la quasi-totalité de leurs leaders, interdit leurs activités et gelé les avoir de la confrérie qui avait pourtant remporté haut la main les législatives fin 2011.
Et depuis la mi-août, policiers et militaires ont carte blanche pour ouvrir le feu sur tout manifestant qui s'en prend à des biens publics, ce qui laisse libre cours à la plus large interprétation.
Quelques milliers d'anti-Morsi se sont rassemblés au Caire sur la place Tahrir, emblématique pour la révolte populaire qui a renversé le président Hosni Moubarak début 2011.Une bonne dizaine d'avions de chasse de l'armée égyptienne a survolé une fois la capitale en formation et à très basse altitude pour commémorer la guerre de 1973, selon des journalistes de l'AFP.
Symbole de la toute puissance de l'armée au c�?ur du nouveau pouvoir, ces manifestants brandissaient de nombreux portraits non pas du président ou du Premier ministre mais du général Abdel Fattah al-Sissi, chef d'état-major, vice-premier ministre et ministre de la Défense, considéré comme le nouvel homme fort de l'Egypte et dont les photos ornent désormais la plupart des rues, boutiques et administrations du pays.
Alors que le pays est sous état d'urgence depuis le 14 août et que la capitale est soumise à un couvre-feu nocturne et parsemée de barrages de militaires équipés de blindés, le déploiement des troupes était encore plus impressionnant dimanche que d'ordinaire.
Le mouvement Tamarrod, à l'origine de manifestations monstres le 30 juin pour réclamer le départ de M. Morsi accusé de vouloir islamiser à outrance la société, a lui aussi lancé un appel à la mobilisation dimanche "sur toutes les places d'Egypte" pour défendre la révolution de 2011, celle qui renversa M. Moubarak.L'armée avait invoqué ces millions de manifestants pour justifier la destitution de M. Morsi.
L'armée, le gouvernement, la quasi-totalité des médias et une large majorité de la population qualifient désormais les Frères musulmans et les partisans de M. Morsi de "terroristes".
"Le ministère affirme sa détermination à faire face avec fermeté à toute violence et infraction à la loi de la part des partisans des Frères musulmans au cours de leurs manifestations", a menacé samedi le ministère de l'Intérieur.
Depuis le 14 août, la confrérie, dont les rangs des militants les plus actifs ont été décimés, peine à mobiliser dans la rue mais les violences de vendredi laissent à nouveau redouter le pire.
Selon des experts, s'ils font preuve de jusqu'au-boutisme, l'armée ne se privera pas de les réprimer encore plus durement dans la mesure où la grande majorité de la population soutient les militaires dont l'aura est revenue au zénith et où la communauté internationale, qui a échoué dans ses multiples tentatives de médiation, a été incapable d'amadouer les autorités dans leur stratégie de répression.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.