Agitant son portrait et faisant le signe de la victoire, des centaines de jeunes acclament le "fils de fermiers" Hamdeen Sabbahi, candidat à la présidence né dans le Delta du Nil de parents paysans, venu faire campagne dans leur ville.
Hamdeen Sabbahi, arrivé troisième à l'élection présidentielle de 2012 remportée par l'islamiste Mohamed Morsi, affronte pour le scrutin des 26-27 mai l'homme de loin le plus populaire d'Egypte, le maréchal à la retraite Abdel Fattah al-Sissi, porté aux nues après avoir destitué début juillet le seul président jamais élu démocratiquement du pays, M. Morsi.
Mais cela ne l'empêche pas de tout tenter pour gagner des voix, ni ses partisans de croire en ses chances de victoire, pour doter le plus peuplé des pays arabes d'un nouveau président.
A son arrivée à Mansoura, grande ville du delta du Nil à 120 km au nord-est du Caire, des centaines de partisans se pressent pour enlacer, embrasser et porter en triomphe cet opposant laïc de 59 ans.
Des jeunes, hommes et femmes, acclament le "fils de fermiers", en référence aux origines modestes de M. Sabbahi, né de parents paysans dans un village du delta du Nil.
- 'Un vrai candidat civil' -
"C'est un vrai candidat civil", s'enthousiasme Mona Mahmoud, 23 ans, habitante de Dekerness, un village à la périphérie de Mansoura où les habitants s'étaient rassemblés pour apercevoir le leader de gauche qui dit incarner les idéaux de la révolution de 2011.
"Nous allons construire un Etat nouveau, moderne et progressiste, basé sur la justice sociale et la dignité humaine", a promis M. Sabbahi à ses partisans à Mansoura, endeuillée le 24 décembre dernier par un attentat à la voiture piégée qui a fait 15 morts.
Prononçant jeudi soir un discours à quelques mètres à peine du lieu de l'attentat, M. Sabbahi a promis de "restaurer" le "droit de chaque martyr égyptien", tué lors de la révolution de 2011 --ayant mis fin au règne de Hosni Moubarak-- ou dans les violences qui ont depuis endeuillé le pays, "qu'il s'agisse d'un civil, d'un policier ou d'un soldat, ou de quiconque de quelque bord politique que ce soit".
Inlassable militant, opposant sous Morsi et, avant lui, sous Hosni Moubarak, Hamdeen Sabbahi, se réclame de l'héritage politique du charismatique président égyptien et champion des Non-Alignés Gamal Abdel Nasser.
Et, alors que le maréchal Sissi est donné ultra-favori, M. Sabbahi pourrait capitaliser sur les craintes d'un retour au pouvoir autoritaire de l'époque de Hosni Moubarak avec la répression et la guerre judiciaire contre les voix dissidentes.
- 'Un homme du peuple' -
"(Hamdeen Sabbahi) connait la réalité d'un homme du peuple et ses problèmes, comme l'illettrisme et la pauvreté, alors que Sissi pense uniquement en termes de sécurité et de terrorisme.Sabbahi est l'un de nous", estime Mona Mahmoud.
A plusieurs reprises, les partisans de M. Sabbahi ont chassé ou lancé des sandales sur des voitures qui arboraient des affiches du maréchal Sissi.
La campagne électorale est tendue, émaillée de violences et se déroule sur fond d'attentats et de répression des islamistes.
"Nous avons renversé deux présidents, mais l'Egypte ne se calme toujours pas", a déclaré M. Sabbahi à l'AFP jeudi.
"Et elle ne se calmera pas à moins de devenir un Etat (démocratique).Pour cela, il est nécessaire d'avoir un candidat qui représente les idéaux révolutionnaires, et c'est ce que nous faisons", a-t-il ajouté.
Mais tout le monde n'est pas convaincu.
"L'Egypte a besoin d'un homme de l'armée pour remédier à la situation actuelle, et, dans ce domaine, Sabbahi n'a pas l'expérience qu'a Sissi", lâche Mohamed Gad, un fermier, tout en chargeant des tiges de canne à sucre dans un pick-up pour les vendre au marché de Mansoura.
"Pour l'instant, mon vote est pour Sissi", conclut-il.
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