Egypte: le procès de journalistes d'Al-Jazeera reprend

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Le Caire (AFP)

Le procès de journalistes de la chaîne satellitaire du Qatar Al-Jazeera, dont quatre étrangers, accusés de soutenir les Frères musulmans du président destitué Mohamed Morsi, reprend mercredi en Egypte, une affaire qui a provoqué un tollé international.

Ce procès est vu par beaucoup comme un test pour les nouvelles autorités, dirigées de facto par l'armée, alors que de nombreux militants disent craindre un retour d'un pouvoir autoritaire en Egypte huit mois après l'éviction du seul président jamais élu démocratiquement.

A la veille de la deuxième audience dans ce procès --pour lequel huit des 20 accusés sont actuellement incarcérés-- Reporters sans Frontières (RSF) a dénoncé "la poursuite de la violation des libertés fondamentales (...) par les autorités" alors même, souligne le communiqué, que "la Constitution (adoptée en janvier) contient certaines avancées plutôt encourageantes pour la protection de la liberté de l'information".

Dès le 3 juillet et l'annonce de l'éviction de Mohamed Morsi, plusieurs chaînes disparaissaient des écrans égyptiens, dont celle des Frères musulmans.Deux mois plus tard, la justice entérinait leur fermeture définitive ainsi que celle de l'antenne égyptienne d'Al-Jazeera: Al-Jazeera Mubasher Misr.

Depuis, plusieurs journalistes d'Al-Jazeera ont été arrêtés --deux d'entre eux sont en prison depuis l'été-- et les locaux de la chaîne au Caire ont été perquisitionnés à plusieurs reprises tandis que du matériel était saisi.

Depuis huit mois, policiers et soldats répriment dans le sang les partisans de M. Morsi, une répression qui a fait au moins 1.400 morts selon Amnesty International.Le Caire n'a pas du tout apprécié la façon dont Al-Jazeera a couvert les événements, l'accusant de prendre fait et cause pour les Frères musulmans, déclarés "terroristes".

Et au-delà d'Al-Jazeera, ce sont les relations entre l'Egypte et le Qatar qui se sont tendues: Le Caire a accusé Doha de soutenir les Frères musulmans et l'émirat gazier du Golfe a reproché aux nouvelles autorités leur violente répression des manifestations pro-Morsi.

- "Accusations infondées" -

Le parquet a fait état de 20 "journalistes d'Al-Jazeera" jugés.Huit d'entre eux, dont l'Australien Peter Greste, sont détenus et les autres recherchés par les autorités.Les huit détenus ont plaidé non coupable.

Lors de la première audience le 20 février, M. Greste avait affirmé avoir "confiance" dans la justice.

Le journaliste, arrêté en décembre dans un hôtel du Caire en compagnie de l'Egypto-canadien Mohamed Fadel Fahmy et l'Egyptien Baher Mohamed, avait affirmé dans une lettre écrite depuis sa cellule en janvier que "l'Etat ne tolèrera aucune voix dissidente, que ce soient les Frères musulmans ou tout autre critique.Les prisons débordent de tous ceux qui se sont opposés ou ont défié le gouvernement".

Sur les 20 accusés, 16 Egyptiens sont accusés d'appartenance à une "organisation terroriste" et quatre étrangers -deux Britanniques, un Australien et une Néerlandaise- de leur avoir fourni "argent, équipements et informations" afin de "diffuser de fausses nouvelles" faisant croire à une "guerre civile dans le pays".

Al-Jazeera a toutefois assuré que seuls neuf des accusés travaillaient pour elle et a dénoncé des accusations "infondées".Les autorités ont affirmé que les journalistes travaillaient sans accréditation.

Parmi les journalistes étrangers jugés par contumace figurent les Britanniques Sue Turton et Dominic Kane et la Néerlandaise Rena Netjes.

Alors que le pays est divisé entre partisans de l'armée et des Frères musulmans et en proie à des attentats meurtriers, l'ONU et des organisations de défense des droits de l'Homme ont dénoncé une campagne de répression contre les médias.

Human Rights Watch avait déploré "une tolérance quasi zéro", tandis qu'Amnesty International évoquait un "revers majeur pour la liberté de la presse" qui "envoie le message effrayant qu'aujourd'hui, une seule version des faits est acceptable en Egypte: celle autorisée par les autorités".

Selon l'Institut international de la presse (IPI), les forces de sécurité ont "systématiquement" accusé les journalistes d'aide au terrorisme et de diffusion de fausses nouvelles, "dans le but d'effrayer tous les journalistes et d'entraver une couverture indépendante".

Outre cela, de nombreux journalistes rapportent avoir été pris à partie par des foules les accusant d'être pro-Frères musulmans.

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