La police recherchait lundi les auteurs d'une attaque devant une église au Caire ayant tué dans la nuit quatre Coptes, dont deux fillettes, dans le premier attentat contre cette communauté dans la capitale depuis la destitution début juillet du président islamiste par l'armée.
Des véhicules et des membres des forces de sécurité étaient déployés autour de l'église de la Vierge dans le quartier populaire d'Al-Warrak où les participants à un mariage ont été visés par des tirs dimanche soir.Les murs du lieu de culte portaient des impacts de balles.
Des témoins ont raconté à l'AFP comment la fête a tourné à l'horreur lorsque des hommes armés ont tiré à l'aveugle avant de prendre la fuite, faisant quatre morts et 17 blessés selon les services de secours.
Parmi les victimes, toutes coptes et membres d'une même famille élargie selon un responsable de la morgue, figurent deux fillettes de 8 et 12 ans.Leurs funérailles sont prévues dans l'après-midi.
"Trois hommes, cagoulés, se sont approchés de nous sur leurs motos.Deux ont tiré sur nous et d'un coup il n'y a plus eu que du sang et le chaos partout", a raconté Mouawad Waguih, 40 ans, rencontré dans la morgue où les corps des victimes ont été transportés.
Les Coptes, qui représentent 10% des 85 millions d'Egyptiens, se disent de longue date marginalisés dans le plus peuplé des pays arabes.
Ils ont été à plusieurs reprises la cible d'attaques, mais il s'agit du premier attentat à les viser dans la capitale depuis la destitution le 3 juillet de Mohamed Morsi par l'armée, après des manifestations d'une ampleur inédite réclamant son départ.
"Plus en sécurité nulle part"
"Nous, les Coptes, payons le prix de la destitution de Morsi", a lancé à l'AFP Imane Gerges."Nous sommes visés et nous ne nous sentons plus en sécurité nulle part", a ajouté cette femme de 40 ans.
Un fidèle, Ayman Moussa, a affirmé à l'AFP que l'église ne bénéficiait d'aucune protection des forces de sécurité depuis le 30 juin, date de la première manifestation monstre contre M. Morsi.
Militants et chrétiens en Egypte accusent régulièrement les forces de l'ordre de les avoir abandonnés au moment où les islamistes multipliaient, selon eux, les attaques en représailles à la violente répression menée par les autorités installées par l'armée contre les partisans du président déchu.
Des dizaines d'églises, de maisons et de commerces appartenant à des Coptes avaient été attaqués et incendiés dans le centre du pays en majorité durant les jours et les semaines qui ont suivi la dispersion dans un bain de sang de deux importants rassemblements pro-Morsi au Caire le 14 août.
Début octobre, Amnesty International avait accusé les forces de sécurité d'avoir échoué à protéger les Coptes visés par des attaques pourtant prévisibles.
Le pape copte Tawadros II était présent aux côtés du chef de la toute-puissante armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, lorsqu'il a annoncé la déposition de M. Morsi le 3 juillet.Depuis, les islamistes accusent les Coptes d'avoir soutenu le coup de force de l'armée contre le premier président élu démocratiquement d'Egypte.
Le Premier ministre Hazem Beblawi a condamné l'attentat de dimanche comme "un acte criminel méprisable" et assuré que les forces de sécurité recherchaient les assaillants."Des actes aussi terribles ne parviendront pas à diviser musulmans et chrétiens", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Les Frères musulmans ont déploré l'attaque et accusé les autorités d'"ignorer des actes délibérés d'incendies criminels, de vandalisme et de meurtres".
Le dernier attentat meurtrier contre une église copte en Egypte remontait au 1er janvier 2011 et avait fait 23 morts et 79 blessés, en grande majorité chrétiens, à la sortie de la messe du Nouvel An à Alexandrie (nord).
Les Coptes se sont régulièrement plaints de discrimination pendant les trois décennies de présidence de Hosni Moubarak puis sous celle de M. Morsi.
Et les tensions pourraient être encore attisées à l'approche du procès le 29 octobre du Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, et de ses adjoints, ainsi que de celui du président destitué prévu à partir du 4 novembre pour "incitation au meurtre" de manifestants.
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