Le président islamiste destitué Mohamed Morsi sera jugé à partir du 4 novembre pour "incitation au meurtre" de manifestants, un procès qui pourrait attiser encore davantage les tensions en Egypte, théâtre d'une nouvelle série de violences meurtrières depuis dimanche.
Des responsables américains ont indiqué mercredi à l'AFP que Les Etats-Unis comptaient suspendre la majeure partie de leur aide militaire à l'Egypte en représailles à la sanglante répression des partisans de M. Morsi.
L'ex-président comparaîtra à partir du 4 novembre devant un tribunal du district du Caire aux côtés de 14 autres personnes pour la mort de manifestants le 5 décembre 2012, a rapporté l'agence officielle Mena.
M. Morsi, destitué et arrêté par l'armée le 3 juillet après des manifestations monstres réclamant son départ, est accusé d'avoir "incité ses partisans à commettre des meurtres prémédités" lors de heurts devant le palais présidentiel au Caire, selon la même source.
Sept personnes avaient été tuées dans ces affrontements entre pro et anti-Morsi, survenus après la dispersion d'un sit-in d'opposants qui accusaient le président de vouloir islamiser la législation.
Les Frères musulmans, le mouvement de M. Morsi, avaient indiqué que la plupart des victimes étaient des islamistes, une affirmation contestée par l'opposition.Un journaliste anti-Morsi a été recensé parmi les morts.
Plusieurs proches de l'ex-président ainsi que des responsables des Frères musulmans, détenus ou en fuite, figurent parmi les accusés.
Le procès de M. Morsi, détenu au secret depuis sa destitution, pourrait attiser la colère de ses partisans, dans un contexte de fortes tensions.
Des heurts opposant des islamistes aux forces de l'ordre et des habitants ont fait 57 morts dimanche, en marge de manifestations réclamant le retour du premier président élu démocratiquement en Egypte.
Répression implacable
Depuis la destitution de M. Morsi, les autorités installées par l'armée ont lancé une répression implacable contre les Frères musulmans, qui a connu son paroxysme le 14 août, lorsque l'armée et la police ont dispersé dans un bain de sang deux campements pro-Morsi.
Depuis la mi-août, plus d'un millier de personnes ont été tuées et plus de 2.000 islamistes arrêtés, dont la quasi-totalité des dirigeants des Frères musulmans.
La justice a interdit le 23 septembre les "activités" de l'influente confrérie et ordonné la confiscation de ses biens.Et mercredi, le ministère de la Solidarité sociale a dissous une ONG liée aux Frères, a rapporté un média d'�?tat.
Les �?tats-Unis et la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton notamment ont réclamé la libération de M. Morsi comme un geste de bonne volonté, mais cette demande a été rejetée par les autorités, qui accusent les Frères musulmans de "terrorisme".
Selon des responsables américains, Washington compte suspendre la majeure partie de son aide militaire au Caire.
L'aide américaine au Caire s'élève chaque année à 1,55 milliard de dollars, dont 1,3 milliard pour l'armée égyptienne.
Mais mardi soir, la Maison Blanche s'est refusée à confirmer ou infirmer ces informations, la porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Caitlin Hayden,, expliquant que l'administration comptait dévoiler ses intentions dans les prochains jours.
Malgré la répression, les pro-Morsi ont juré d'intensifier leurs manifestations contre ce qu'ils considèrent comme un "coup d'�?tat".
Après les heurts de dimanche, plusieurs attaques ont visé en début de semaine la police et l'armée, faisant une dizaine de morts parmi les forces de l'ordre.
Mercredi, une bombe a endommagé un bâtiment désaffecté de l'armée dans la péninsule du Sinaï.
Amnesty International a par ailleurs souligné que les forces de sécurité n'avaient pas réussi à empêcher les violences visant les Coptes, cibles de plusieurs attaques après la sanglante répression des pro-Morsi.Les islamistes accusent les Coptes d'avoir soutenu l'armée dans la destitution de M. Morsi.
L'ONG affirme que plus de 200 propriétés détenues par des chrétiens ont été attaquées, 43 églises sérieusement endommagées et au moins quatre personnes tuées.
M. Morsi, qui a dirigé le pays durant un année marquée par de fortes divisions au sein de la population, sera le deuxième président égyptien à comparaître devant la justice pour le meurtre de manifestants.
Son prédécesseur Hosni Moubarak, qui a dirigé l'�?gypte durant trente ans, est jugé pour "complicité de meurtres" de manifestants lors de la révolte qui l'avait renversé en 2011.
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