Un tribunal du Caire a acquitté dimanche la militante égypto-américaine Aya Hijazi, fondatrice de l'ONG Belady pour les enfants des rues et accusée de trafic humain, après trois ans de détention.
Ce verdict survient quelques semaines après la visite du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi aux Etats-Unis début avril au cours de laquelle il a rencontré le président Donald Trump. La Maison Blanche avait alors indiqué qu'elle évoquerait le cas de la militante.
Dans son verdict rendu lors d'une audience publique, la cour criminelle a également déclaré non coupables l'époux de Mme Hijazi et six autres accusés dans la même affaire.Tous étaient accusés de trafic humain, d'exploitation sexuelle d'enfants et de création d'une ONG sans autorisation officielle.
Placés ensemble dans la cage des accusés au début de l'audience, le mari a embrassé sa femme sur le front, le couple discutant en souriant dans l'attente du verdict.Leur procès avait débuté à la mi-2015 mais les audiences avaient été souvent reportées.
L'avocat de la militante, Taher Aboul Nasr, a indiqué aux journalistes que les huit personnes seraient libérées dans les prochains jours.
"(Aya) voulait vraiment travailler avec les enfants des rues, et les communautés dont ils sont issus", a indiqué aux journalistes la mère de la jeune femme, Naglaa Hosny, à l'issue du verdict.
"Je suis très fière de mes enfants", a-t-elle ajouté, précisant que son beau-fils était déterminé à poursuivre son engagement caritatif.
A l'occasion de la visite de M. Sissi aux Etats-Unis, M. Trump avait jugé que son homologue égyptien faisait "un travail fantastique" et tourné ostensiblement la page des critiques de la précédente administration Obama sur les droits de l'Homme en Egypte.
- 'Parodie de justice' -
L'administration Trump avait fait savoir qu'elle aborderait la question des droits de l'Homme de façon "privée et discrète", jugeant que c'était "la façon la plus efficace" de le faire.
En 2013, M. Sissi, alors général de l'armée, avait destitué le président islamiste élu Mohamed Morsi puis lancé une féroce répression contre ses partisans, dont des milliers ont été arrêtés et des centaines tués, ainsi que contre l'opposition libérale.
Le régime Sissi est accusé par ses détracteurs d'avoir refermé la parenthèse démocratique ouverte avec le soulèvement de 2011 qui chassa du pouvoir Hosni Moubarak.Il ne tolère aucune opposition, qu'elle soit islamiste, laïque ou libérale.
En mars dernier, Joe Stork, directeur adjoint pour le Moyen-Orient à Human Rights Watch (HRW), avait déploré une "parodie de justice" après le report en mars par la cour du verdict de Mme Hijazi.
"Les accusés n'ont pas pu rencontrer leurs avocats en privé, les audiences ont été ajournées à plusieurs reprises pour de longues périodes tandis que la cour a systématiquement rejeté, sans explication, de nombreuses demandes de mises en liberté sous caution", avait-il dénoncé.
En septembre dernier, la justice égyptienne a ordonné le gel des avoirs de cinq célèbres défenseurs des droits de l'Homme, dont le journaliste et fondateur de l'Initiative égyptienne pour les droits personnels, Hossam Bahgat, ainsi que de trois ONG.Cette mesure intervenait dans le cadre d'une vaste enquête sur les financements étrangers de la société civile.
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