Election ivoirienne: avant le 2e tour, Ouattara invoque "papa" Houphouët

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YAMOUSSOUKRO (AFP)

L'ex-Premier ministre Alassane Ouattara a invoqué lundi "papa" Félix Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d'Ivoire indépendante, espérant séduire les baoulé, ethnie au poids décisif pour le second tour de la présidentielle le 28 novembre.

Avant d'affronter le président sortant Laurent Gbagbo (38% au premier tour le 31 octobre), il a quitté Abidjan pour la capitale politique Yamoussoukro à l'occasion de la "journée de la paix", instituée par le "père de la Nation" avant que le pays ne découvre en 1999 les affres d'une longue crise politico-militaire et la guerre en 2002.

Dépôt de gerbe sur la tombe d'Houphouët (président de 1960 à 1993), rencontre avec des chefs traditionnels baoulé, meeting: pour le candidat Ouattara (32%), c'est aussi une façon de sceller son alliance avec l'ex-chef d'Etat Henri Konan Bédié, défait il y a 15 jours.

Les deux finalistes convoitent avidement les quelque 25% des voix recueillies par le troisième homme, en particulier dans le centre, région chrétienne et peuplée majoritairement de baoulé, dont le coeur est la capitale fondée par Houphouët.

En compagnie de Bédié et devant les centaines de chefs coutumiers, en pagne traditionnel et coiffés de couronne, réunis dans la cour de l'immense résidence d'Houphouët, Ouattara, le nordiste, le musulman, donne le ton.

"C'est Nanan Allah N'Guessan qui vous parle", lance-t-il, reprenant le nom baoulé dont il vient d'être baptisé, non loin du lac aux crocodiles légendaires qui contribua au mythe du premier président.

Dans la maison de "notre papa Houphouët", qui le fit Premier ministre (1990-1993), Ouattara, 68 ans, place sa candidature "sous l'autorité" du "grand frère" Bédié, 76 ans.

"Si je suis élu vous serez mon patron", assure même "ADO" (Alassane Dramane Ouattara) à l'ancien chef d'Etat, renversé par un putsch en 1999.

Des paroles qui résonnent fortement alors que les deux hommes, avant de s'allier en 2005 au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), coalition anti-Gbagbo, s'affrontèrent farouchement pendant de longues années.

Au milieu des années 1990, le camp Bédié développa le concept nationaliste d'"ivoirité" pour faire barrage à Ouattara, accusé par ses détracteurs d'être d'origine burkinabè et qui fut exclu du scrutin de 2000 pour "nationalité douteuse".

Mais l'heure est à l'unité."J'ai désigné mon petit frère et je vous demande de le soutenir", exhorte Bédié, plus patriarche que jamais."Je compte sur vous tous", dit-il en baoulé aux chefs de sa communauté, à l'influence importante.

Devant plusieurs milliers de partisans rassemblés sur une grande place de la ville, les deux opposants sonnent la mobilisation.Ouattara met en garde son rival: "je veux dire à Gbagbo de ne pas s'accrocher au pouvoir le 28 novembre, de ne pas faire une tentative de confiscation du pouvoir".

Il dénonce surtout la "tricherie" conduite selon lui aux dépens de Bédié par le camp présidentiel.Il fait de nouveau allégeance et s'engage à "ramener à (son) aîné la victoire qui lui a été volée".

La foule enthousiaste, aux couleurs du RHDP, alterne "ADO président" et "Bédié, au secours!"

Accusé d'être le parrain de la rébellion de 2002, voire du coup d'Etat de 1999, le candidat tente encore une fois de séduire et de rassurer."N'ayez pas peur d'Alassane Dramane Ouattara", adjure-t-il, promettant de pas "remplacer les églises par des mosquées".

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