La présidente du Malawi Joyce Banda a dénoncé jeudi de "sérieuses irrégularités" dans le déroulement des élections de mardi, mettant en cause la légitimité de ce scrutin disputé, dont l'organisation a été chaotique.
Dans leurs observations préliminaires rendues publiques jeudi, les observateurs de l'Union européenne et du Commonwealth n'ont pas fait état de fraudes massives.
Dans un communiqué lu à la presse, la présidente a exhorté la commission électorale à "procéder à une vérification manuelle immédiate de l'ensemble du processus" électoral, et à recompter les voix.
Les listes électorales étaient soit indisponibles, soit non vérifiées dans certains bureaux de vote, si bien que des électeurs ont pu voter deux ou trois fois, a-t-elle notamment relevé.
Certains candidats ont gagné en reportant plus de voix qu'il n'y avait d'inscrits, des bulletins ont été indûment déclarés nuls ou ont été abîmés, et des agents électoraux ont été arrêtés, a poursuivi Mme Banda, candidate à sa propre succession à ces élections, qui outre la présidentielle, étaient doublées de législatives et de municipales.
Les moyens de communication de la commission électorale ont été délibérément bloqués, a ajouté la présidente, lui demandant de ne communiquer que des résultats vérifiés "à des médias accrédités".
Le chef de la commission électorale Maxon Mbendera a démenti tout crash de son système informatique.
"Ce que nous entendons dire par le PP (le Parti du Peuple de Mme Banda, ndlr) est dû au désespoir", a-t-il noté, alors que des résultats très parcellaires donnent la présidente perdante.
- Suicide d'un vice-ministre -
La commission électorale avait annoncé plus tôt jeudi que son système de remontée des résultats ne répondait pas.Il rejette certaines informations envoyées à la centrale nationale à Blantyre, "ce qui provoque des ralentissements, mais nous sommes passés en mode manuel et nous transmettons les informations par fax, ou les bulletins sont amenés physiquement à la centrale", a noté M. Mbendera.
Le triple scrutin présidentiel, législatif et local de mardi a été très mal organisé, le matériel électoral n'étant souvent pas arrivé à temps.
Certains bureaux de vote ont ouvert avec dix heures de retard.Des troubles ont éclaté, des bureaux ont été incendiés et des bulletins déchirés, sur fonds d'accusations de fraudes.L'armée a été appelée à la rescousse et il a fallu revoter mercredi dans 13 bureaux à Lilongwe et Blantyre.
"Malgré de considérables défauts dans l'organisation et quelques incidents isolés en particulier à Blantyre, le calme a prévalu pendant les triples élections du 20 mai", ont relevé les observateurs européens.Leur rapport ne se prononce pas spécifiquement sur l'honnêteté du scrutin, mais ne fait pas état de fraudes, louant au passage l'impartialité de la commission électorale.
Les observateurs du Commonwealth ont fait exactement les mêmes observations.
Douze candidats concourent à la présidence, dont quatre se détachent du lot, selon les observateurs.Il n'y aura pas de second tour: le vainqueur sera celui qui aura récolté le plus de voix mardi.
Joyce Banda est au pouvoir depuis deux ans.Elle a succédé en 2012 au président Bingu wa Mutharika, décédé d'une crise cardiaque, dont elle était la vice-présidente, bien que brouillée avec lui.
Mise en difficulté par le "Cashgate", un scandale de détournement de fonds, elle explique que c'est parce qu'elle a lancé une campagne anti-corruption qu'il a été découvert.
Mais les bailleurs de fonds étrangers ont gelé une partie de leur aide et ses opposants l'accusent d'avoir détourné l'argent pour financer sa campagne.
Autre sujet de mécontentement: la dévaluation imposée par la présidente en 2012 a lourdement frappé la population au portefeuille.Près de la moitié des Malawites vivent avec moins d'un dollar par jour.
Son principal rival est l'ancien ministre des Affaires étrangères Peter Mutharika, 74 ans, frère du défunt président Bingu wa Mutharika.
La commission électorale a huit jours pour annoncer les résultats.
La police malawite a annoncé jeudi le suicide du vice-ministre des Affaires locales de Joyce Banda, Godfrey Kamanya, qui selon des résultats encore partiels pouvait perdre son siège de député.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.