En Egypte, un nouveau ministre de la Justice déjà controversé

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Le Caire (AFP)

Le président égyptien a nommé mercredi un nouveau ministre de la Justice très dur à l'égard d'une opposition déjà sévèrement réprimée et réputé "élitiste", alors que son prédécesseur avait choqué en affirmant que la fonction de magistrat ne pouvait être confiée à un fils de balayeur.

Ahmed al-Zind a prêté serment mercredi matin devant le chef de l'Etat Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-général de l'armée qui avait destitué en 2013 le président islamiste élu Mohamed Morsi et lancé une sanglante répression contre ses partisans.

M. Zind n'a jamais caché son animosité envers les islamistes et était l'un des critiques les plus virulents de M. Morsi.Auparavant, il avait été un fervent soutien du président Hosni Moubarak, renversé en 2011 par une révolte populaire.

"Le ministre de la Justice est censé être neutre, mais nous avons un juge qui est opposé à la fois" aux jeunes laïques qui ont renversé Moubarak "et aux islamistes", a déploré Mohamed Soleiman, un haut responsable du parti de gauche al-Dostour.

Depuis l'éviction de M. Morsi, les défenseurs des droits de l'Homme accusent le pouvoir de M. Sissi d'instrumentaliser des juges déjà généralement ultra-répressifs.L'ONU a qualifié les procès de masse expéditifs qui ont condamné des centaines de pro-Morsi à mort depuis 2013 de "sans précédent dans l'histoire récente" du monde.Et Amnesty international a fustigé une "mascarade de justice" quand un tribunal a infligé samedi la peine capitale à M. Morsi et une centaine d'autres. 

Pour les observateurs, la nomination de M. Zind, qui n'a jamais caché publiquement sa volonté de punir sévèrement les partisans de Morsi comme les jeunes "révolutionnaires" de 2011, conforte cette politique de la main lourde chez la plupart des juges. 

Le prédécesseur de M. Zind, Mahfouz Saber, a démissionné le 11 mai après avoir provoqué un tollé en expliquant à la télévision que le métier de magistrat, "prestigieux" et d'"un certain statut", devait être confié à des gens venant d'un "milieu respectable" et en aucun cas à un "fils de balayeur" par exemple.

M. Zind est lui-même "très élitiste, et défend les privilèges de son groupe, il est pire que son prédécesseur", s'est indigné Adel Ramadan, juriste au sein de l'Initiative égyptienne pour les droits individuels (EIPR).

En septembre 2012 au plus fort d'une polémique sur les facilités accordées aux fils de juges pour obtenir des postes de magistrats, M. Zind avait affirmé que cela se poursuivrait et qu'"aucune force en Egypte ne peut stopper cette avancée sacrée", selon le site internet du quotidien gouvernemental Al-Ahram.

"Nous sommes les seigneurs, et d'autres sont les esclaves", avait-t-il dit en janvier 2014 à propos des juges sur la chaîne de télévision al-Faraeen.

En Egypte, plus d'un quart de la population vit officiellement sous le seuil de pauvreté, sans doute beaucoup plus en réalité, une immense partie de la richesse étant concentrée entre les mains d'une toute petite portion de la population.

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