Une centaine de personnes ont été tuées en fin de semaine dans la région de Beni, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), une nouvelle tuerie imputée par le gouvernement aux rebelles ougandais des ADF.
Près de 200 civils ont été massacrés en moins de deux mois dans cette région explosive, où l'ONU appelle à "neutraliser" les "forces négatives".
"J'ai le chiffre de 95 corps qui ont été enterrés dans une fosse commune", ainsi que "neuf autres qui ont été présentés aux autorités" dans une morgue, a déclaré à l'AFP Juma Balikwisha, député de l'opposition au Parlement national, élu dans cette région montagneuse et frontalière de l'Ouganda.
Les bilans varient pour l'heure sur cette tuerie commise jeudi.Les massacres ont eu lieu dans quatre localités voisines et enclavées situées à une vingtaine de kilomètres de Beni, grande ville du nord du Nord-Kivu située à environ 250 km de Goma, la capitale de cette province.
"On n'a pas encore un bilan définitif.C'est entre 70 et 100 personnes tuées", a dit Albert Baliesima, député de la majorité.
Le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a avancé pour sa part le chiffre de 58 personnes tuées par les rebelles, avant que le porte-parole du gouvernement de Kinshasa, Lambert Mende, affirme que l'attaque avait fait "plus d'une dizaine de morts" selon un bilan encore provisoire.
Les "premières conclusions de l'enquête" mettent en cause les rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF), déjà incriminés pour les massacres précédents, a ajouté M. Mende lors d'une conférence de presse.
"La détermination du gouvernement" à "anéantir par tous les moyens ces égorgeurs de femmes et d'enfants est totale", a-t-il lancé.
Dans un communiqué, l'envoyé spécial des Nations unies pour la région des Grands Lacs, Saïd Djinnit, a estimé que "la dégradation de la situation dans la région de Beni et au-delà (plaidait) pour une action décisive en vue de neutraliser toutes les forces négatives en RDC".
Vendredi, la Société civile du Nord-Kivu avait exhorté l'armée, la police et la Mission de l'ONU en RDC (Monusco) à agir "d'urgence" pour rétablir la sécurité.
La tuerie de jeudi est la dernière d'une série de massacres de civils ayant démarré dans la région de Beni dans la première quinzaine d'octobre.
- 35.000 nouveaux déplacés -
La dégradation de la situation dans le nord du Nord-Kivu, mais aussi dans les districts voisins de la Province-orientale, où agissent divers autres groupes armés, a fait 35.000 nouveaux déplacés dans cette province en quelques semaines, estime le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) pour la Province-Orientale.
Ces déplacés "vivent dans la peur dans une région où le risque de violences (...) est déjà très élevé", a indiqué à l'AFP le chef d'OCHA pour la Province-Orientale, Maurizio Giuliano, appelant lui aussi le gouvernement et la Monusco "à prendre urgemment les mesures nécessaires pour arrêter le carnage".
Présents en RDC depuis 1995, les ADF ne compteraient plus aujourd'hui que 400 combattants repliés dans les hauteurs difficiles d'accès des monts Ruwenzori, qui culminent à plus de 5.000 mètres à la frontière entre le Congo et l'Ouganda.
L'armée congolaise avait lancé en janvier une offensive lui ayant permis de reprendre les principales place fortes de ces rebelles musulmans opposés au président ougandais Yoweri Museveni, mais cette opération militaire s'est arrêtée après le décès, fin août, du général qui commandait l'opération.
Alors que l'armée et les autorités étaient accusées de ne rien faire pour protéger la population locale, le président congolais Joseph Kabila s'était rendu à Beni du 29 au 31 octobre.Il y avait assuré que le Congo allait "gagner contre les terroristes".
Le 2 novembre, après une nouvelle attaque ayant fait une dizaine de morts, une foule en colère avait déboulonné la statue du "rond-point Kabila" et brûlé des drapeaux de la Majorité présidentielle.
L'est de la RDC, où pullulent encore des dizaines de groupes armés congolais et étrangers, est déchiré depuis plus de 20 ans par des conflits alimentés par des divisions ethniques, des querelles foncières et les appétits suscités par les abondantes richesses naturelles de la région.
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