Ethiopie: l'aide "soutient la répression", selon Human Rights Watch

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NAIROBI (AFP)

L'aide des bailleurs de fonds au gouvernement éthiopien "soutient la répression" dans ce pays où les donateurs devraient "revoir les programmes de développement et surveiller l'utilisation des fonds", estime un nouveau rapport de l'organisation Human Rights Watch (HRW).

"Sans une surveillance efficace et indépendante, l'aide internationale continuera d'être détournée pour consolider un Etat répressif à parti unique", met en garde HRW, dans un rapport d'une centaine de pages publié mardi.

HRW y décrit la façon dont le gouvernement "utilise les ressources et l'aide fournies par les bailleurs de fonds comme un outil pour consolider le pouvoir du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF)".

"Si vous ne jouez pas le jeu du parti au pouvoir, vous êtes exclu", explique Rona Peligal, directrice pour l'Afrique à HRW.

"Malgré cela, les bailleurs de fonds étrangers récompensent ce comportement par des montants d'aide au développement de plus en plus élevés", déplore l'organisation de défense des droits de l'homme.

L'aide étrangère pour le développement de l'Ethiopie n'a cessé d'augmenter depuis les années 90, et l'Ethiopie est aujourd'hui le principal bénéficiaire des fonds de la Banque mondiale (BM) et de l'aide étrangère en Afrique, selon HRW.

En 2008, le montant total de l'aide s'élevait à 3,3 milliards de dollars, toujours d'après HRW.Sur ce montant, les Etats-Unis contribuent à hauteur de 800 millions de dollars environ, en grande partie en nourriture et aide humanitaire, et l'Union Européenne à hauteur de 400 millions de dollars, devant le Royaume-Uni et l'Allemagne.

"En 2005, la BM et d'autres bailleurs de fonds ont suspendu l'aide budgétaire directe au gouvernement à la suite d'une répression post-électorale" ayant fait près de 200 morts, rappelle l'organisation.

"Cependant, l'aide a repris rapidement par le biais d'un nouveau programme (...) qui transférait de l'argent directement aux districts" pour des services fondamentaux tels que les soins médicaux, l'éducation, l'agriculture et l'eau.

"Ces autorités locales refusent systématiquement le soutien gouvernemental aux partisans de l'opposition et aux militants de la société civile, notamment les habitants de régions rurales en grand besoin d'aide alimentaire", assure HRW.

"Ces gouvernements de district sont sous le contrôle du parti au pouvoir, mais sont plus difficiles à surveiller et plus directement impliqués dans la répression quotidienne de la population", analyse HRW, alors que la répression politique à été "particulièrement prononcée" en 2010 dans tout le pays.

"Aucun des bailleurs de fonds n'a conduit d'enquête indépendante crédible sur le problème" et ces bailleurs "doivent ouvrir les yeux sur le fait qu'une partie de leur aide contribue à des violations des droits humains", ajoute l'ONG.

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