Meskel, ou la fête de la Sainte-Croix, célèbre la découverte de la "vraie croix" sur laquelle le Christ aurait été crucifié selon la tradition de l'Église d'Éthiopie.Les dirigeants de cette Église autocéphale ont appelé vendredi le Premier ministre, Abiy Ahmed, à les protéger et à faire en sorte que les auteurs de violences religieuses rendent des comptes."Les chrétiens orthodoxes ne sont pas contents du gouvernement", a déclaré à l'AFP Aklil Damtew, un haut responsable de l'Église. "Les gens attendent que le gouvernement dise quelque chose au sujet de l'Église. Pourquoi le gouvernement reste-t-il silencieux?"Ces tensions entre les autorités orthodoxes et l'administration de M. Abiy risquent d'introduire un nouvel élément d'instabilité dans un pays déjà confronté à de nombreuses violences communautaires, à quelques mois des élections prévues en mai 2020.Meskel commence vendredi avec Demera, une cérémonie publique où les Éthiopiens se rassemblent autour d'un grand bûcher en mémoire de la crucifixion de Jésus et de la découverte "de la vraie croix".La police fédérale a mis en garde jeudi contre toute tentative de perturber la cérémonie. "Les écrits, affichages et drapeaux non officiels" seront interdits, a-t-elle indiqué dans un communiqué.Le festival de Meskel, qui a été classé par l'Unesco dans la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité, se poursuivra samedi, les gens le fêtant cette fois-ci à la maison.Meskel intervient cette année après deux dimanches consécutifs de manifestations pacifiques dans la région amhara (nord), pour protester contre les incendies d'églises.Au moins 25 églises ont été brûlées dans le pays ces deux dernières années, explique M. Aklil, selon qui ce chiffre est sans précédent.Les leaders de l'Église estiment que cela reflète un sentiment anti-orthodoxe. Mais les motivations derrière ces attaques semblent être plus complexes. Certains des incendies, par exemple, ont eu lieu en juillet juste après une tentative par l'ethnie sidama de créer sa propre région dans le sud, qui avait débouché sur plusieurs jours de violences.Terje Ostebo, un expert en religion éthiopienne à l'université de Floride, remarque que des conflits qui paraissent d'origine religieuse ont parfois d'autres fondements, fonciers, ethniques ou autres."Ces choses sont toujours entremêlées et j'ai rencontré tellement de cas où un conflit local était présenté comme ethnique ou religieux, et en fait il s'est révélé être les deux", a-t-il déclaré.Au-delà des incendies, les dignitaires orthodoxes sont aussi scandalisés par la volonté de certains Oromo, la principale ethnie du pays qui est aussi celle de M. Abiy, de faire scission et de créer leur propre Église.Les chrétiens orthodoxes représentent environ 40% des 110 millions d'Éthiopiens.
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