La mobilisation internationale s'intensifie pour aider le Nigeria à retrouver plus de 200 lycéennes enlevées mi-avril par le groupe islamiste armé Boko Haram, au moment où Israël se dit prêt à aider à "les localiser" et Paris à organiser un sommet africain.
A Bakou, le président français François Hollande a annoncé la tenue probable samedi à Paris d'un sommet de dirigeants africains sur la sécurité au Nigeria et dans sa région.
"J'ai proposé, avec le président nigérian Goodluck Jonathan, une réunion des pays limitrophes du Nigeria", a-t-il déclaré, s'exprimant dimanche devant la presse, en marge d'un déplacement dans le Caucase.Il s'agira d'évoquer les questions de sécurité, et notamment le groupe Boko Haram, a précisé l'entourage du président français.La réunion "devrait avoir lieu si les pays en sont d'accord samedi prochain".
En visite officielle au Japon, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a précisé avoir eu un échange téléphonique avec le président nigérian Goodluck Jonathan."Israël exprime sa consternation face au crime contre ces adolescentes", a déclaré M. Netanyahu.
"Nous sommes prêts à aider à localiser les adolescentes et à combattre le cruel terrorisme qui vous a frappé", a-t-il indiqué.
Des experts américains, britanniques et français sont déjà au Nigeria pour participer aux recherches. La Chine a aussi proposé de partager les informations recueillies par ses services de renseignements et ses satellites.
"Le Nigeria est très heureux d'avoir l'appui de l'expertise israélienne en matière de lutte contre le terrorisme, de renommée mondiale", a déclaré M. Jonathan dimanche soir dans un communiqué.
M. Jonathan, très critiqué pour son inaction dans les jours qui ont suivi l'enlèvement des lycéennes, a affirmé dimanche qu'il était "très optimiste" à propos de l'opération de recherche en cours, grâce à l'appui logistique de la communauté internationale.
Le 14 avril, le groupe islamiste armé Boko Haram, dont le nom en langue haoussa signifie + L'éducation occidentale est un péché +, avait attaqué un lycée de Chibok, dans le nord-est du Nigeria, et enlevé 276 adolescentes, dont 223 sont toujours captives, selon la police.
Après une relative indifférence initiale des autorités et à l'étranger, la mobilisation des familles et la revendication lundi dernier du chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, qui en a fait des "esclaves" et veut les "vendre", ont suscité l'émotion et la solidarité internationales.
- Risque "colossal" -
Les exactions de Chibok, qui pourraient "constituer des crimes contre l'humanité" selon le Conseil de sécurité de l'ONU, ont suscité des réactions de soutien de célébrités mondiales comme la première dame des Etats-Unis Michelle Obama et l'actrice américaine Angelina Jolie.
Dernière grande personnalité à prononcer son soutien aux captives nigérianes, le pape François a appelé les fidèles à "prier pour la libération immédiate" des jeunes filles, via son compte Twitter samedi soir.
L'archevêque de Cantorbéry, Justin Welby, qui a déjà négocié avec des groupes armés nigérians, a jugé dimanche "difficile" de discuter avec Boko Haram, une organisation islamiste armée "irrationnelle", appelant néanmoins à le faire pour libérer les lycéennes enlevées.
Estimant que les jeunes filles étaient confrontées à un risque "colossal", il a déclaré sur BBC Radio 4 qu'elles "étaient aux mains d'un groupe très disparate qui est extrêmement irrationnel, avec qui il est difficile de négocier et qui s'est montré dans le passé totalement sans pitié".
Interrogé sur les raisons de l'enracinement de Boko Haram dans la région, cet ancien cadre de l'industrie pétrolière a pointé du doigt "l'extrême pauvreté" qui les rend enclins à devenir des "fantassins" de Boko Haram.
Un nouveau village dans le nord-est du Nigeria - premier pays producteur de pétrole en Afrique- a d'ailleurs été pris pour cible ce week-end par le groupe islamiste.Liman Kara a été entièrement détruit vendredi soir mais les habitants, prévenus de l'arrivée des assaillants, ont pu prendre la fuite, selon des témoins.
-"Nous faire partir"-
Dans la capitale fédérale, Abuja, la police a tenté dimanche d'empêcher une nouvelle manifestation de soutien aux captives, qui a finalement eu lieu.
Une dizaine de véhicules de polices et des agents munis d'un canon à eau étaient installés autour de la Fontaine de l'Unité, dans le centre ville, point de rendez-vous du rassemblement pacifique, selon un journaliste de l'AFP.
"Ils ont fait tout ce qu'ils ont pu pour nous faire partir mais on a dit qu'on ne partirait pas", a déclaré à l'AFP l'ancienne directrice adjointe de la Banque Mondiale et ex-ministre nigériane Obiageli Ekwesili, à la tête du mouvement #bringbackourgirls.
Un rapport d'Amnesty International publié vendredi affirme que l'armée nigériane avait été informée de l'imminence d'une attaque de Boko Haram contre le lycée de Chibok le 14 avril, mais n'a pas réagi faute de moyens.
Les militaires soutiennent de leur côté que les troupes postées à Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno où se trouve Chibok, n'ont été informées de l'attaque qu'au moment où elle se déroulait et qu'en s'y rendant, elles "sont tombées dans une embuscade dressée par les terroristes" sur la route de 120 km séparant Maiduguri de Chibok.
Pendant que l'aide s'organise sur le terrain, des personnalités du monde entier continuent à se mobiliser dans les médias et les réseaux sociaux.
L'insurrection islamiste a fait des milliers de morts (près de 2.000 depuis le début de l'année) depuis 2009.Initialement concentrées dans le Nord à majorité musulmane, où Boko Haram revendique la création d'un Etat islamique, les violences ont récemment fait des dizaines de morts à Abuja.
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