"Le changement c'est moi!", l'opposition a "peur" car elle n'a "aucune chance de gagner": le président sortant gabonais Ali Bongo Ondimba s'est montré pressé d'en découdre avec ses 13 rivaux à la veille du lancement de la campagne pour l'élection présidentielle du 27 août.
"Je suis dans la situation d'un président sortant ayant un bilan et on préfère venir me chercher sur des choses ridicules" comme l'état-civil, affirme le président, dans un entretien à l'AFP.
Décontracté sur la terrasse du palais présidentiel du bord de mer, le président se met à rire face au principal argument de l'opposition: il serait un enfant nigérian adopté durant la guerre du Biafra dans les années 1960.Or la Constitution impose aux candidats d'être nés Gabonais.
"�?a prouve bien (qu'ils) ont peur d'aller aux élections", répond M. Bongo à ses opposants qui l'accusent d'avoir falsifié son acte de naissance.
"Ils ont dit que j'étais étranger, ils ont dit que j'étais Biafrais, qu'ils en apportent la preuve", répond-il, avant d'ironiser sur le "vaste complot" dénoncé par ses adversaires, souvent d'anciens caciques du pouvoir qui l'ont vu grandir, dont l'ex-président de la Commission de l'Union africaine Jean Ping, 74 ans, et l'ex-président de l'Assemblée nationale Guy Nzouba Ndama, 70 ans.
"Ils redoutent le candidat Ali Bongo parce qu'il a quand même un bilan satisfaisant (...) et ils n'ont aucune chance de gagner", assène le président élu en 2009 à la mort de son père Omar.
Complet beige clair et cravate pourpre, M. Bongo se félicite que la campagne s'ouvre "enfin": "tout le monde est dans les starting-blocks et c'est tant mieux!"
Entouré de ses proches conseillers trentenaires, Ali Bongo se moque du "conflit de génération" avec des opposants septuagénaires, d'anciens compagnons de route de son père - Ping est aussi son ex-beau-frère.
Revenant sur le décès d'Omar Bongo, qui régna 41 ans sur le petit pays pétrolier, son fils souligne qu'il n'a "pas hérité" du pouvoir, tout en assurant: "Mon père est constamment avec moi (...) c'est une inspiration".
Toutefois, dit-il, "j'ai gagné ma place, elle ne m'est pas tombée comme ça.Au contraire, mon nom était un handicap".
Une partie de l'héritage de Bongo père, ce sont aussi des biens immobiliers familiaux saisis par la justice en France, dans l'affaire dite des "biens mal acquis".
"Je n'ai pas de bien en France donc cette procédure ne me touche pas", assure-t-il, se disant "parfaitement serein".
- Violences pas à exclure -
"Nous sommes toujours avec la France dans une relation particulière", analyse-t-il quand il est interrogé sur le fait que le président français François Hollande n'est jamais venu en visite officielle à Libreville contrairement à ses prédécesseurs, soucieux de maintenir une forte influence dans l'ancienne colonie.
"Moi, je cherche à avoir beaucoup plus de partenaires français ici au Gabon", poursuit M. Bongo, qui les met cependant en concurrence avec de nombreux investisseurs asiatiques dans les secteurs du bois, du pétrole ou des mines.
"Je pense que l'Afrique a beaucoup changé, aujourd'hui c'est le continent qui attire tout le monde (...) Les Africains ont le choix de leurs partenaires", précise-t-il.
Alors que la campagne démarre dans un climat délétère après des mois d'invectives entre pouvoir et opposition, le dirigeant gabonais n'écarte pas le risque de violences durant le scrutin. Il dénonce "un camp mauvais perdant" qui "passe son temps à insulter, à intimider" et provoque des "violences" pour "camoufler" ses échecs.
Les opposants craignent la répression policière et la censure observées dans certains pays voisins comme le Congo Brazzaville, où le régime de Denis Sassou Nguesso a coupé toutes les télécommunications pendant la présidentielle très contestée de mars.
Interrogé sur l'opportunité d'une telle mesure, M. Bongo répond : "pour l'instant au Gabon, rien ne nous amène à prendre ce genre de décision."
Quant à la longévité record de plusieurs de ses pairs d'Afrique centrale - l'Equato-guinéen Téodoro Obiang Nguema, 37 ans de pouvoir, le Tchadien Idriss Deby, 26 ans ou encore le Camerounais Paul Biya, 34 ans - le président botte en touche: "C'est la décision de leur peuple (...) le jour où le peuple n'en voudra plus, ça changera."
Ali Bongo, qui défend un bilan positif basé sur la "diversification" de l'économie hors pétrole, se montre confiant dans l'issue du scrutin du 27 août.Avec "12.000 emplois par an" créés au cours de son septennat, il veut poursuivre une politique qui donne "la priorité à la jeunesse".
"Le changement c'est moi, pas eux (ses opposants, ndlr): ils sont des hommes du passé et du passif".
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