Ex-ministre de la Défense, Augustin Bizimana était accusé d'avoir été l'un des hauts commanditaires du génocide perpétré en 1994 contre les Tutsis au Rwanda, qui a coûté la vie à 800.000 personnes.
Son décès, dont la date est estimée à août 2000, "a pu être confirmé à l'issue de l'identification formelle des restes de son corps retrouvés" dans un cimetière à Pointe-Noire, au Congo, a fait savoir le Mécanisme des tribunaux pénaux internationaux (MTPI).
Une série d'analyses génétiques effectuées ces derniers mois "ont permis d'exclure la possibilité que ces restes soient ceux d'une autre personne", a déclaré le MTPI.
Cette structure basée à La Haye est chargée notamment d'achever les travaux du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), créé par le Conseil de sécurité de l'ONU en novembre 1994, quelques mois après le génocide.
"D'autres éléments de preuve ayant trait aux circonstances du décès d'Augustin Bizimana ont également été vérifiés", a précisé le Mécanisme, sans préciser les causes de sa mort.
Né en 1954, Augustin Bizimana avait été mis en accusation en 1998 par le TPIR pour 13 chefs d'accusation, dont génocide, extermination, meurtre et autres actes inhumains.
Il devait notamment répondre du meurtre en 1994 de la Première ministre hutu modérée Agathe Uwilingiyimana, ainsi que de dix membres belges des forces de maintien de la paix et de civils tutsis.
L'annonce du MTPI intervient moins d'une semaine après l'arrestation en France le 16 mai d'un autre des principaux accusés, Félicien Kabuga, financier présumé du génocide rwandais, qui était en cavale depuis 25 ans.
Il présidait la tristement célèbre Radio télévision libre des Mille collines (RTLM), qui diffusa des appels aux meurtres des Tutsi et le Fonds de défense nationale (FDN) qui collectait de l'argent destiné à financer la logistique et les armes des miliciens hutu Interahamwe, selon l'acte d'accusation du TPIR.
- Déception des rescapés -
La mort de M. Bizimana constitue une "grande déception" pour les rescapés du génocide, a réagi vendredi Alain Gauthier, le responsable d'une association de victimes en France.
"Le plus grand souhait des rescapés, c'est que les tueurs soient jugés.Il n'y a que la justice qui peut leur apporter un petit peu de réconfort, et lorsqu'un responsable du génocide est jugé, leur honneur leur est rendu", a-t-il expliqué à l'AFP.
"Avec l'arrestation de Félicien Kabuga samedi dernier et la confirmation aujourd'hui du décès d'Augustin Bizimana, le Bureau du Procureur a ainsi retrouvé deux des trois principaux fugitifs mis en accusation par le TPIR", a souligné le Mécanisme.
Mercredi, le procureur du MTPI, Serge Brammertz, a demandé le transfert temporaire à La Haye de M. Kabuga, 84 ans, en raison des difficultés de déplacements engendrées par la pandémie de Covid-19.
L'accusé lui-même a fait savoir mercredi, lors de sa première comparution publique à Paris, qu'il voulait "être jugé en France".
Le mandat d'arrêt actuel du MTPI, qui a une branche en Tanzanie, et une autre à La Haye, prévoit son transfert à Arusha (Tanzanie).
Le dernier fugitif principal recherché par le Mécanisme est Protais Mpiranya, qui commandait la garde du président Juvénal Habyarimana, dont l'assassinat le 6 avril 1994 est considéré comme l'élément déclencheur du génocide.
Cinq autres suspects mis en accusation par le TPIR sont toujours en fuite.
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