Dès 19h, les onze télévisions et la vingtaine de radios retransmettant le premier débat consacraient moult reportages à ce que ses promoteurs ont présenté comme "l'événement" de la campagne électorale et comme un "tournant" dans la vie politique de ce pays pionnier du Printemps arabe.
A 21h précises, huit candidats debout derrière leurs pupitre ont commencé à répondre aux questions tirées au sort et posées par deux journalistes modérateurs.
A l'origine, ils devaient être neuf, mais le candidat et homme d'affaires controversé Nabil Karoui, emprisonné pour blanchiment d'argent depuis le 23 août, était absent.Jusqu'au bout, le suspense avait été entretenu sur sa présence.
Premier candidat à être interrogé, Moncef Marzouki, qui fut le premier président de la Tunisie d'après la révolution, a été interrogé sur l'extrémisme.
Parmi les autres intervenants de la soirée (les 18 candidats restants seront interrogés dimanche et lundi), figurent le candidat islamiste Abdelfattah Mourou, l'ancien Premier ministre Mehdi Jomaa et la passionaria anti-islamiste Abir Moussi.
Ils ont chacun 99 secondes pour répondre et lorsqu'ils arrivent à la fin de leur temps de parole, des bips se font entendre.
- Enthousiasme -
L'émission était abondamment commentée en direct sur Twitter et dans des cafés où de nombreux Tunisiens s'étaient donné rendez-vous pour suivre cet événement rare dans le monde arabe.
"Historique !", exultait un internaute, tandis que d'autres s'agaçaient des imprécisions ou des questions posées.
Celles-ci sont centrées sur les prérogatives présidentielles (affaires étrangères et sécurité nationale), les libertés publiques et les priorités de chaque candidat pour les 100 premiers jours.
L'opération mobilise depuis des semaines les médias audiovisuels publics et privés, ainsi qu'une ONG spécialisée dans le débat politique.
Solennellement intitulée "La route vers Carthage.La Tunisie fait son choix", l'émission est aussi retransmise sur des chaînes de télévision irakienne, libyenne ou algérienne.
- Quinze minutes pour convaincre -
Le plateau, installé dans les locaux de la chaîne publique Wataniya, est organisé en forme de demi-cercle autour duquel les places des candidats ont été tirées au sort.
A la fin de l'émission, les candidats auront 99 secondes pour exposer les grandes lignes de leur programme et leurs promesses.Au total, ils disposeront d'un quart d'heure de temps de parole au cours de l'émission, d'une durée de deux heures et demie.
Au-delà des aspects organisationnels et techniques, les organisateurs insistent tous sur la rareté d'une telle l'opération.
"Souvent dans le monde arabe, quand on parle compétition, on sait d'avance qui gagne à la fin, avec 99,99%.Aujourd'hui, on ne sait pas qui va gagner", souligne Lassad Khedder, un représentant d'un syndicat de chaînes de télévision privées, co-organisateur du débat.De fait, la présidentielle tunisienne, avec son nombre pléthorique de candidats, des programmes et des enjeux parfois difficiles à cerner, est marquée par l'imprévisibilité.
Et de nombreux Tunisiens affirment compter sur le grand débat pour se déterminer.
"Les Tunisiens ne sont pas décidés.Ca va probablement se jouer durant les trois débats télévisés, sur peu de choses, et quelques milliers de voix pourraient changer radicalement le visage du pays", estime le politologue Ziyed Krichen.
"La culture du débat n'a pas encore sa place dans le monde arabe", renchérit Belabbes Benkredda.Soulignant que l'émission sera aussi rediffusée sur des chaînes en Irak, en Algérie et en Libye, il espère "un premier pas qui servira d'inspiration".
En 2012, 15 mois après le renversement du président Hosni Moubarak par un mouvement de contestation inspiré par la révolution tunisienne, l'Egypte avait organisé un duel télévisé, qualifié alors d'"historique", entre seulement deux favoris des 13 candidats à la présidentielle.
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