Guinée: course contre la montre pour enrayer l'expansion d'Ebola

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Conakry (AFP)

Une course contre la montre était engagée mercredi en Guinée par les équipes médicales pour tenter d'enrayer l'expansion d'une épidémie de fièvre Ebola à l'origine d'une partie des 69 morts dans ce pays, au Liberia et en Sierra Leone.

La mise en place des mesures de prévention, les seules capables d'enrayer la propagation du virus Ebola, hautement contagieux et mortel pour lequel il n'existe aucun remède, est d'autant plus urgente que dans le sud de la Guinée, "la peur et la confusion" s'emparent des populations, selon l'organisation d'aide à l'enfance Plan International.

"Les gens sont vraiment effrayés, ils ont vu des personnes mourir en juste deux ou trois jours et se demandent qui sera le prochain", a affirmé Joseph Gbaka Sandounou, responsable de cette organisation à Guéckédou (sud).

Le Dr Sakoba Kéïta, responsable au ministère guinéen de la Santé, a indiqué à l'AFP que "deux nouveaux cas de décès ont été enregistrés hier (mardi) à Guéckédou et Macenta", deux des foyers de l'épidémie dans le sud de la Guinée.

Ces nouveaux décès portent à 63 le nombre de morts sur 89 cas en Guinée depuis janvier, auxquels s'ajoutent cinq morts sur six cas suspects au Liberia.Deux cas de fièvre hémorragique, dont un mortel, ont également été découverts en Sierra Leone.Ces deux pays ont  des frontières avec le sud de la Guinée.

"Nous ne sommes pas au bout de cette épidémie, nous continuons tous les jours à enregistrer un certain nombre de cas ou de décès, mais l'incidence journalière est devenue très faible et  nous pensons que le pic est déjà dépassé", a affirmé le Dr Keïta.

Il a indiqué que l'équipe de l'institut Pasteur de Dakar, actuellement à Conakry où elle n'a enregistré aucun cas d'Ebola, devait se rendre dans le Sud jeudi et que des spécialistes venus de Lyon (France) et de Hambourg (Allemagne) étaient aussi attendus.

 

- "Des médecins se rendent à pied dans les villages" -

 

Médecins sans frontières (MSF), qui a déjà 30 personnes sur le terrain, va également renforcer son équipe. 

"En collaboration avec le ministère (guinéen) de la Santé, nous avons mis en place une structure spéciale de dix lits dans la ville de Guéckédou, et nous avons démarré les travaux à Macenta", a expliqué Marie-Christine Ferir, coordinatrice d'urgence de MSF.

Selon elle, "il est essentiel que tous les patients présentant des symptômes de la maladie soient pris en charge rapidement et isolés de la communauté". 

MSF précise  que "jusqu'à présent, treize échantillons ont été testés positivement pour le virus de l'Ebola", la Croix-Rouge parlant dans un communiqué de "dix-neuf cas confirmés" avec "un taux de létalité de 69%".

Mme Férir a rappelé que "la maladie se transmet principalement par contact intime avec le patient, avec le sang, les selles, la salive".L'équipe de MSF "tente donc de limiter au maximum les contacts à risque entre les patients et leur famille tout en maintenant les liens familiaux".

"Des médecins spécialistes de la maladie se rendent à pied dans les villages aux alentours des localités où des cas ont été détectés pour repérer les personnes qui présentent des symptômes de la maladie et les diriger vers une structure médicale pour leur procurer des soins", a ajouté la responsable de MSF.

Le virus Ebola,  qui provoque des "fièvres hémorragiques", tire son nom d'une rivière du nord de la République démocratique du Congo où il a été repéré pour la première fois en 1976.

Le taux de mortalité est estimé à 90% chez l'homme.Le virus se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus des sujets infectés.Certains scientifiques soupçonnent cependant la possibilité d'une contamination par les voies respiratoires.

Si la cause première des poussées épidémiques reste mystérieuse, on considère que certaines chauves-souris frugivores seraient le "réservoir naturel" du virus en Afrique.Mardi, le ministre guinéen de la Santé, le colonel Rémy Lamah, un médecin, a déclaré que "l'agent vecteur" était "la chauve-souris" dans son pays.

L'épidémie inquiète les pays voisins de la Guinée qui ont renforcé leurs systèmes de surveillance épidémiologique et les contrôles sanitaires aux frontières, y compris ceux qui, comme la Mauritanie,  n'en ont pas avec ce pays.

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