Aucune céréale n'est plus indispensable que le riz pour alimenter la planète: trois milliards d'humains en dépendent, aussi la troisième céréale la plus cultivée au monde est-elle l'objet d'intenses recherches scientifiques pour améliorer son rendement à l'hectare.
L'enjeu est de taille vu la croissance démographique: pour demeurer la clé de voûte de la sécurité alimentaire, la production de riz devra doubler à l'horizon 2030 alors que les scientifiques redoutent que cette céréale soit particulièrement affectée par le changement climatique.
Aujourd'hui, les 155 millions d'hectares de rizières cultivées dans le monde, essentiellement en zone intertropicale, produisent environ 720 millions de tonnes de riz par an avec des rendements qui ne progressent quasiment plus.
Jusqu'ici, l'Asie assure 90% de la production mondiale, mais elle pourra difficilement assumer à elle seule la hausse de la production et les scientifiques misent donc beaucoup sur l'Afrique.
"En Asie, la marge d'évolution est plutôt réduite: les rendements sont déjà très élevés et la plupart des terres sont occupées, il n'y a pas de nouvelles surfaces et même au contraire elles diminuent avec l'expansion urbaine", explique Alain Guesquière, chercheur à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et chargé d'un projet sur le riz africain.
Selon ce dernier, l'une des premières pistes pourrait être de croiser les deux principales espèces de riz existantes pour créer une plante plus résistante aux maladies mais aussi aux aléas environnementaux (sécheresse, salinité...).
L'IRD cherche donc à transférer certaines qualités du riz africain au riz asiatique, espèce plus productive et présente partout dans le monde.
"L'espèce africaine est moins développée, moins productive mais elle est très intéressante car elle est plus rustique, résiste à plusieurs maladies, ainsi qu'à certains aléas tels que le stress hydrique ou la salinité des sols, contrairement au riz asiatique", ajoute M. Guesquière.
Des projets ambitieux
A moyen terme (5 à 10 ans), le développement des variétés hybrides pourrait en effet permettre d'améliorer le rendement à l'hectare, confirme Nourollah Ahmadi, généticien du riz au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).
Pour l'Afrique, l'objectif est de parvenir à augmenter le rendement de deux ou trois tonnes à l'hectare pour le faire passer au-delà de 5/6 tonnes tandis qu'en Asie le rendement pourrait être de 12 ou 15 tonnes contre 10 aujourd'hui.
Mais les généticiens planchent également sur des projets bien plus ambitieux."Si nous parvenons à modifier le système de photosynthèse du riz, soit le mécanisme de fixation du carbone pour, à quantité de lumière égale, augmenter de 50% la biomasse de la plante", explique M. Ahmadi, détaillant un projet en cours au sein de l'Institut de recherche sur le riz (IRRI).
Toutefois les scientifiques estiment que ces projets n'aboutiront pas avant 2030 ou 2040.Il faudra donc avant cela que l'Afrique passe à la vitesse supérieure.
"En Afrique, il faut que le riz passe d'une culture vivrière à une culture industrielle et cela passera donc par une augmentation des surfaces et une mécanisation accrue", prévient M. Guesquière.
Un défi que tentent de relever de nombreux pays africains qui ont engagé des programmes ambitieux pour accroître leur production de riz.
Mais le chemin sera long car, comme le déplore Aliou Diagne d'AfricaRice, organisation de recherche panafricaine sur le riz, "le désintérêt général pour l'agriculture dans les années 1990 a conduit à un manque cruel de capacités à tous les niveaux".
Aujourd'hui, l'Afrique importe 40% de sa consommation et aucun pays du continent n'est autosuffisant.
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