Au moins 15 personnes ont été tuées et un nombre indéterminé d'étudiants étaient toujours otages jeudi dans l'Université de Garissa, dans l'est du Kenya, attaquée à l'aube par des islamistes somaliens shebab.
Un porte-parole des shebab a affirmé que le commando avait libéré les musulmans et gardé les autres en otage.
Le ministre kényan de l'Intérieur, Joseph Nkaissery, a fait état en milieu d'après-midi de 15 morts et affirmé qu'un des assaillants présumés avait été arrêté.Selon la Croix-Rouge, 65 blessées, pour l'essentiel par balles, ont par ailleurs été recensés.
Les assaillants, dont le nombre est inconnu, ont abattu deux gardes à l'entrée de l'Université, puis ouvert le feu au hasard sur le campus, avant de pénétrer dans la résidence universitaire, où sont hébergés plusieurs centaines d'étudiants.
"Nos hommes sont encore à l'intérieur et se battent, leur mission est de tuer ceux qui sont contre les shebab", a déclaré par téléphone à l'AFP un porte-parole du groupe islamiste, Cheikh Ali Mohamud Rage."Quand nos hommes sont arrivés, ils ont relâché (...) les musulmans (...) nous détenons les autres en otages", a-t-il ajouté.
Garissa se trouve à 150 kilomètres de la frontière avec la Somalie, où un corps expéditionnaire kényan combat les shebab depuis octobre 2011.
La Croix-Rouge a fait état d'un "nombre indéterminé d'étudiants otages" sur le campus d'une vingtaine de bâtiments."Cinquante étudiants ont été libérés", a-t-elle ajouté, sans préciser dans quelles circonstances, alors que les forces de sécurité tentaient toujours de déloger les assaillants, près de onze heures après le début de l'attaque.
Le nombre d'étudiants bloqués à l'intérieur du campus était inconnu.Le ministre de l'Intérieur a simplement indiqué que 280 des 815 étudiants inscrits, ainsi que les 60 membres du personnel, "s'étaient manifestés" (hors de l'Université) et que les autorités tentaient de localiser les autres.
Cinq blessés, dont quatre "dans un état critique", ont été évacués par avion sur Nairobi, à environ 350 km de là, selon la Croix-Rouge, qui appelé à des dons de sang à Garissa.
"Les assaillants sont entrés de force dans l'université de Garissa en tirant sur les vigiles surveillant le portail d'entrée vers 05H30" et ont ensuite "ouvert le feu aveuglément à l'intérieur du campus" avant de pénétrer dans les résidences" universitaires, a expliqué le chef de la police kényane, Joseph Boinnet, dans un communiqué.
Selon la Croix-Rouge, le bâtiment dont les assaillants ont pris le contrôle abrite des chambres d'étudiants.
"Nous dormions quand nous avons entendu une forte explosion suivie de tirs, tout le monde a commencé à fuir", a déclaré Japhet Mwala, un étudiant parvenu à quitter le campus, mais "certains n'ont pu quitter les bâtiments, vers lesquels les assaillants se dirigeaient en tirant.J'ai de la chance d'être en vie".
Des rumeurs d'attaques contre l'Université avaient circulé dans la semaine, selon des étudiants."Personne n'a pris ça au sérieux car ce n'était pas la première fois", a expliqué l'un d'eux, Nicholas Mutuku, tandis que Katherine, étudiante, disait "avoir pensé à un poisson d'avril".
- Assaillants retranchés -
Le ministère kényan de l'Intérieur a affirmé à la mi-journée que "trois des quatre bâtiments" de la résidence universitaire avaient été "évacués", sans autre détail. "Les assaillants sont retranchés dans l'un des bâtiments et les opérations continuent", a-t-il poursuivi.
La zone autour du campus, situé à environ un kilomètre du centre-ville, était totalement bouclée et les médias tenus à l'écart.
Les shebab ont multiplié les attentats au Kenya depuis 2011, jusqu'à Nairobi et sur la touristique côte du pays, notamment à Mombasa, principal port d'Afrique de l'Est.
Ils ont entre autres revendiqué le spectaculaire assaut en septembre 2013 contre le centre commercial Westgate de Nairobi (67 morts) et une série de raids nocturnes sur des villages de la côte en juin-juillet 2014 (au moins 96 personnes froidement exécutées).
Les zones kényanes situées le long des quelque 700 km de frontière avec la Somalie - particulièrement celles de Mandera et Wajir (nord-est) ou de Garissa - sont le plus régulièrement ciblées.
Fin novembre, après l'exécution par les shebab de 28 passagers d'un bus - essentiellement des professeurs - près de Mandera, des syndicats de médecins, dentistes et enseignants avaient conseillé à leurs membres de quitter les zones frontalières de la Somalie tant que la sécurité n'y serait pas assurée.
En février, quelque 200 professeurs travaillant dans ces zones avaient manifesté pour réclamer leur réaffectation.
Le président kényan Uhuru Kenyatta a indiqué jeudi dans un bref communiqué "prier" pour les victimes et les otages, assurant que les autorités avaient déployé les renforts "adéquats".
Mercredi, il avait assuré que "le Kenya est aussi sûr que n'importe quel autre pays dans le monde" contestant de nouvelles mises en garde émises par Londres sur la sécurité au Kenya.
Au moins 200 personnes ont été tuées et au moins autant blessées en 2014 au Kenya lors d'attaques revendiquées par les shebab ou qui leur ont été attribuées, selon un décompte établi par l'AFP.
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