Quelques centaines de manifestants ont réclamé jeudi à Nairobi justice pour une adolescente de 16 ans violée par des hommes identifiés mais laissés libres et toujours pas poursuivis, ainsi que la fin de l'impunité contre les auteurs de violences sexuelles au Kenya.
Depuis un mois, la colère est montée dans le pays à mesure qu'était dévoilée l'histoire de l'adolescente, identifiée sous le pseudonyme de Liz.
Selon la presse, la jeune fille a été battue, violée et jetée dans une fosse septique en juin par six hommes alors qu'elle revenait des funérailles de son grand-père dans l'ouest du Kenya.
Toujours selon les médias, elle connaissait certains de ces agresseurs et trois suspects avaient été conduits par des habitants à la police.Mais celle-ci les a laissés repartir, leur ordonnant seulement auparavant de débroussailler les abords du commissariat.
Aucune poursuite n'a à ce jour été engagée dans cette affaire.Depuis son agression, l'adolescente se trouve dans un fauteuil roulant, sa colonne vertébrale ayant été mise à mal.
Ces dernières semaines, une pétition réclamant "Justice pour Liz" a été lancée par une militante kényane des droits des femmes, Nebila Abdulmelik, membre du Réseau de développement et de communication des Femmes africaines (Femnet), co-organisateur de la manifestation de jeudi.
Dans les rues de Nairobi jeudi, les manifestants ont scandé "Que voulons-nous ? Du respect, du respect du respect, de la dignité", et marché jusqu'au quartier général de la police pour suspendre aux grilles des guirlandes de culottes et remettre la liste des quelque 1,3 million de personnes ayant déjà signé la pétition.
"Couper de l'herbe n'est pas une punition pour un viol", "Les survivants de violences sexuelles, qui s'occupe d'eux?" pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les militants.
"Notre demande immédiate est que soient arrêtés et jugés les auteurs (du viol) et que des mesures disciplinaires soient prises contre la police qui n'a elle-même pris aucune mesure" contre les agresseurs, "parce que nous avons l'impression que (la police) a donné du courage à d'autres pour violer", a expliqué Mme Abdulmelik.
Au Kenya, a-t-elle ajouté, "on estime qu'au moins une femme sur trois sera victime de violences sexuelles au cours de sa vie"."Nous utilisons l'histoire de Liz pour mettre en lumière tous les autres cas de violences qui n'arrivent pas nécessairement aux médias, à la police".
Venus recueillir leurs revendications, un responsable de la police kényane, William Thwere, a assuré qu'une "enquête" était en cours et que l'affaire était "traitée avec le sérieux qui s'impose".
Dans les rangs des manifestants, se trouvaient jeudi des militantes du réseau Femnet venues d'une trentaine de pays, partageant, comme Emma Kaliya, du Malawi, "les préoccupations que nos collègues mettent ici en avant".
"Nous condamnons ces actes depuis longtemps et demandons à nos gouvernements de punir les auteurs de violence, mais les mêmes choses continuent de se produire, nous ne voyons pas beaucoup de changements", a-t-elle déploré."Dans des pays qui se prétendent démocratiques, où personne n'est censé être au-dessus de la loi", certains "bénéficient toujours de l'impunité".
Parmi les manifestants figuraient aussi de nombreux hommes, venus, comme Creg Akoto, revendiquer la fin d'un système qui parfois encore "transige" avec les agresseurs.
"Ce sont nos soeurs, nos mères, nos grands-parents qui sont victimes de ces violences sexuelles", a souligné le jeune homme, membre de l'ONG Healthcare assistance Kenya, qui a mis en place un numéro de téléphone spécial pour les victimes de violences sexuelles.
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