Les prochaines élections générales au Kenya se tiendront au premier trimestre 2013, sauf si l'actuel gouvernement de coalition issu du scrutin contesté et émaillé de violences de 2007 décide de s'autodissoudre auparavant, a décidé vendredi la Haute Cour de justice.
La juridiction devait interpréter des clauses constitutionnelles a priori contradictoires pour décider de la date des nouvelles élections et de la fin de l'actuel et fragile gouvernement de coalition, miné par les rivalités de factions.
Les prochaines élections au Kenya suscitent beaucoup d'attente et d'inquiétudes, après les violences, sans précédent depuis l'indépendance de 1963, qui avaient suivi la réélection très contestée du président sortant Mwai Kibaki en décembre 2007.
1.133 personnes avaient été tuées, 3.561 personnes blessées et 663.921 personnes déplacées, avant la laborieuse constitution sous pression internationale d'un gouvernement de coalition réunissant les partisans de M. Kibaki et ceux de son adversaire malheureux, Raila Odinga, alors nommé Premier ministre.
La Haute Cour a décidé que les prochaines élections se tiendraient "dans les soixante jours suivant le 15 janvier 2013", lendemain de l'expiration de l'actuelle législature, a déclaré le juge Isaac Lenaola.
A moins, a ajouté le juge, "d'un accord écrit entre le président et le Premier ministre" portant dissolution de l'Assemblée nationale dès 2012.L'élection se tiendrait alors dans les 60 jours suivant cette dissolution.
Cette clause empêche a priori toute action unilatérale d'un des deux camps de la coalition, qui serait susceptible de ranimer les tensions.
Dans chaque cas, ce sera à la commission électorale de fixer la date précise du scrutin.
En attendant la Cour pénale internationale
A la suite des violences de 2007-2008, la Cour pénale internationale a engagé des poursuites pour crimes contre l'humanité contre six Kényans, dont deux candidats à l'élection présidentielle, le vice-Premier ministre Uhuru Kenyatta et l'ancien ministre William Ruto.
La CPI doit annoncer la semaine prochaine si elle confirme ses charges.Cette décision aura une très profonde influence sur le scrutin, pour lequel M. Kenyatta était donné, avant son inculpation, comme le principal adversaire de Raila Odinga, donné pour l'instant favori des sondages.M. Kenyatta apparaissait avant les poursuite de la CPI comme le dauphin naturel du président sortant Mwai Kibaki, qui ne se représente pas.
La décision de la Haute Cour est juridiquement susceptible d'appel, mais l'autorité de cette juridiction lui donne une légitimité très forte.
Sa décision était compliquée par la nécessité de conjuguer les dispositions de la précédente Constitution -- dont le respect du mandat de l'actuelle législature -- avec celles de la nouvelle, adoptée par referendum en août 2010.
Cette nouvelle Loi fondamentale prévoit la tenue d'élections générales tous les cinq ans le deuxième mardi d'août, soit en l'occurence le 14 août 2012.Le gouvernement a cependant prévenu qu'il lui serait impossible d'organiser correctement des élections dans ce délai, suggérant la date de décembre 2012.
La grande majorité de la classe politique souhaite une élection le plus tard possible, mais de nombreux critiques reprochaient aux élus de chercher surtout à prolonger leur mandat et les rémunérations afférentes le plus longtemps possible.
"Nous avons conscience que nos conclusions pourraient être impopulaires auprès d'une partie des Kényans qui ont des idées bien arrêtées à propos des élections, mais nous devons rappeler aux Kényans que notre mission n'est pas d'écrire ou de réécrire la Constitution pour plaire à l'opinion", a prévenu le juge Lenaola.
Les prochaines élections visent à élire un président, une Assemblée générale, mais aussi les membres de nouvelles institutions créées par la nouvelle Constitution: Sénat, gouverneurs et assemblées régionales.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.