La police kényane a effectué dans la nuit de mardi à mercredi sa troisième descente en 48 heures contre des mosquées de Mombasa dans le cadre d'une opération contre l'islam radical qui, craint la société civile, risque d'exacerber les tensions dans la ville portuaire.
Entre 23H00 (20H00 GMT) mardi et 03H00 mercredi, les forces de l'ordre kényanes ont perquisitionné la mosquée Swafaa, située légèrement à l'extérieur du centre de la très touristique deuxième ville du pays, sur l'océan Indien.
Selon Richard Ngatia, chef de la police du quartier de Kisauni, où l'opération s'est déroulée, des armes ont été saisies: grenades, munitions et cocktails Molotov.
Dans la nuit de dimanche à lundi, la police kényane avait déjà effectué des descentes contre les mosquées Musa et Sakina, situées en plein centre-ville, soupçonnant des fidèles et des prédicateurs de ces lieux de culte de liens avec les islamistes somaliens shebab et de préparer une attaque.
Ces deux opérations, menées selon une source sécuritaire par plusieurs centaines de membres des forces de l'ordre, s'étaient soldées par le décès d'un jeune de 20 ans, qui, selon les autorités kényanes, avait tenté de jeter une grenade sur la police.
Plus de 200 personnes avaient aussi été arrêtées, dont 13 ont été inculpées de possession de matériel explosif -- des grenades -- et ont plaidé non-coupable.
Les deux mosquées sont depuis fermées et ont été placées sous haute sécurité, la police déployée aux alentours.
Selon le gouverneur de Mombasa, Nelson Marwa, les responsables politiques et religieux locaux ont été mis à contribution pour "former un comité qui gèrera les mosquées de Musa et Sakina, car le gouvernement ne permettra pas aux shebab de les utiliser pour provoquer des violences".
- 'Situation déjà volatile' -
Dans un communiqué diffusé lundi, le ministre kényan de l'Intérieur, Joseph Ole Lenku, a de son côté affirmé que les deux mosquées étaient passées sous le contrôle de "criminels" qui avaient évincé les chefs religieux locaux.
Le ministre a affirmé que des grenades, du matériel destiné à la fabrication de bombes et des ordinateurs qui contenaient des manuels de formation au terrorisme avaient été saisis.Il a martelé que l'opération contre ces sites radicalisés se poursuivrait tant que "l'objectif de sécuriser le pays et les lieux de culte ne serait pas atteint".
Dans une tentative de désamorcer les critiques, M. Ole Lenku a cependant assuré que les descentes ne visaient aucune "communauté" ou "religion" en particulier.
Mais l'opération inquiète la société civile de Mombasa, ville régulièrement frappées par des attaques à la grenade depuis que le Kenya a lancé son armée à la poursuite des shebab dans le sud somalien en octobre 2011, et où les tensions sont déjà fortes.
La côte kényane, majoritairement musulmane, a longtemps été sous-représentée au sein de l'élite politique kényane et ses habitants victimes de discriminations.
Le ressentiment à l'égard du pouvoir de Nairobi, capitale d'un pays qui se déclare à 80% chrétien, y est grand et, depuis plusieurs années, des observateurs s'y inquiètent de la radicalisation religieuse d'une jeunesse confrontée à un chômage de masse.
A la suite des raids de lundi, Hussein Khalid, de l'ONG Haki Africa, spécialisée dans la promotion des droits de l'homme au niveau local, a mis en garde contre le risque que l'utilisation de la "force ait pour seule conséquence d'augmenter les tensions alors que la situation est déjà volatile".
Ces dernières années, plusieurs imams - des radicaux ou des figures modérées connues pour leurs positions antishebab - ont été abattus à Mombasa.
Parmi eux, trois responsables de la mosquée Musa, considérée comme le haut-lieu de l'islam radical au Kenya, ont été assassinés par balle ces deux dernières années, des meurtres dans lesquels les forces de sécurité kényanes ont été pointées du doigt.
Ces assassinats ont souvent débouché sur des émeutes, dont l'une au moins a donné lieu à l'attaque d'une église, celle de l'Armée du Salut, située à côté de la mosquée Musa.
Mombasa, et sa côte de plages de sable blanc, sont l'une des destinations les plus prisées des touristes au Kenya.Mais face à la multiplication des incidents ces dernières années, plusieurs pays occidentaux déconseillent désormais à leurs ressortissants de s'y rendre.
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