Le Soudan a à nouveau bombardé samedi Bentiu, une capitale régionale du Soudan du Sud, alors que l'armée du jeune Etat a affirmé toujours contrôler la zone pétrolière contestée de Heglig conquise jeudi, et ce malgré une contre-offensive annoncée vendredi par Khartoum.
Selon le porte-parole du gouvernement de l'Etat d'Unité, Gideon Gatfan, joint à Bentiu, qu'un appareil soudanais avait bombardé samedi après-midi la capitale de l'Etat, tuant cinq civils et en blessant six, dont une femme, sur un marché aux voitures.
"Trois bombes ont été lâchées près du pont de Bentiu (...) mais le pont n'a pas été détruit", a déclaré M. Gatfan, joint depuis Juba.
Ce pont relie Bentiu à une route qui mène à la frontière avec le Soudan, à une soixantaine de km plus au nord et théâtre depuis mardi de violents affrontements entre les deux pays voisins.
Juba avait déjà accusé un appareil soudanais d'avoir bombardé jeudi ce même pont à Bentiu, devenue la première localité d'importance bombardée par l'aviation soudanaise depuis l'indépendance du Soudan du Sud, proclamée en juillet dernier.
A Khartoum, l'armée soudanaise était injoignable samedi.
Le ministre sud-soudanais de l'Information, Barnaba Marial Benjamin, a confirmé à Juba le bombardement de Bentiu et son bilan, appelant l'ONU et l'Union africaine "à s'assurer que le Soudan cesse immédiatement ces atrocités et le meurtre insensé de civils innocents".
Il a accusé Khartoum d'avoir bombardé samedi d'autres zones sud-soudanaises, dont Abiemnom (Etat d'Unité), située sur une route menant à Abyei, autre zone contestée au centre des tensions entre les deux Soudans.L'armée soudanaise a envahi cette zone en mai 2010 et Juba menace d'attaquer pour l'en chasser.
Des combats d'une ampleur inégalée opposent les deux Soudans depuis fin mars, dans des zones frontalières contestées et riches en pétrole.
Depuis mardi, ces combats ont fait au moins une centaine de blessés au sein de l'armée soudanaise, selon un photographe de l'AFP qui les a vus à l'hôpital militaire de Khartoum.
Mardi, l'armée du Sud avait pris la zone de Heglig, au nord de Bentiu, revendiquée par Juba.Khartoum avait immédiatement promis de réagir "par tous les moyens".
Les Forces armées soudanaises (SAF) ont annoncé vendredi une contre-attaque pour reprendre Heglig, zone d'autant plus stratégique pour Khartoum qu'elle fournit la majeure partie de son brut.Le Soudan du Sud a récupéré, à l'indépendance en juillet 2011, les trois-quarts des réserves pétrolières qu'avait le pays avant la partition.
Mais l'armée sud-soudanaise (SPLA) a affirmé samedi qu'elle tenait toujours Heglig.Selon son porte-parole, le colonel Philip Aguer, la SPLA - ex-rébellion sudiste devenue armée nationale du Soudan du Sud - a repoussé vendredi des éléments des SAF dans le village de Kelet, à une quarantaine de kilomètres d'Heglig.
Vendredi, "il y a eu des combats entre leurs patrouilles et la SPLA à 42 km d'Heglig.La SPLA a détruit deux tanks appartenant aux SAF", a-t-il expliqué.
L'armée sud-soudanaise "contrôle toujours Heglig", a-t-il ajouté, précisant que Khartoum avait bombardé la ville samedi, ainsi que les zones frontalières de Jau et Panakuach, dans l'Etat d'Unité.
Vendredi le porte-parole de l'armée soudanaise, Sawarmi Khaled Saad, avait annoncé que ses troupes étaient proches de Heglig.
Aucune précision n'a pu être obtenue sur les positions des deux armées samedi matin.
"Nous n'avons pas de nouvelles informations (sur la situation) entre Heglig et Kelet.Mais toutes ces zones sont soumises à des bombardements", a déclaré samedi à l'AFP Gideon Gatfan.
Ces derniers jours, le Nord et le Sud n'ont jamais semblé si proches d'une guerre totale, depuis l'accord de paix ayant mis fin en 2005 à des décennies de conflit civil entre la rébellion sudiste et le pouvoir de Khartoum, et l'indépendance il y a neuf mois.
Face à la crainte d'une nouvelle guerre, les appels exigeant des forces sud-soudanaises qu'elles évacuent Heglig se sont multipliées depuis mardi.Jeudi, Juba a posé plusieurs conditions fermes à un retrait de ses forces.
Les tensions entre les deux Soudans n'ont jamais décru depuis la partition du pays.Parmi les questions non résolues, figurent particulièrement le partage des ressources pétrolières et le tracé de la frontière commune.
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