L'armée sud-soudanaise affirme avoir achevé son retrait du champ pétrolier frontalier de Heglig, dénonçant des bombardements soudanais sur la zone samedi matin encore.
"La SPLA (l'armée sud-soudanaise) a achevé son retrait de Heglig hier (samedi)," a affirmé son porte-parole, Philip Aguer, à l'AFP.
Le Soudan du Sud avait annoncé dès vendredi l'évacuation de Heglig par ses troupes, indiquant que l'opération, décidée selon lui en réponse aux demandes incessantes de la communauté internationale, prendrait trois jours.
Depuis, le Soudan du Sud et le Soudan se livrent cependant une guerre de communication sur la façon dont s'est déroulé le départ sud-soudanais.Si Juba dit avoir ordonné un retrait progressif et volontaire, Khartoum assure avoir en fait "libéré" la zone en chassant les troupes du Sud par la force.
Dimanche, le porte-parole de l'armée sud-soudanaise dénonçait encore la version soudanaise, affirmant même que l'aviation de Khartoum avait continué de "bombarder" la région vendredi soir et samedi matin.
Par ailleurs, la totalité de la population civile de la ville d'Heglig et des villages avoisinants a fui cette zone pétrolière, théâtre d'affrontements entre le Soudan et le Soudan du Sud, faisant des milliers de déplacés, selon les Nations Unies.
"La totalité de la population civile de la ville d'Heglig et des villages avoisinants a fui", a indiqué l'agence humanitaire de l'ONU, citant la commission soudanaise des affaires humanitaires (HAC) et d'autres rapports reçus par l'ONU.
L'ONU a cité des chiffres de la HAC selon lequels 5.000 personnes avaient fui Heglig, principalement vers les localités de Kharasana et Keilak, une centaine de kilomètre plus au nord.
Heglig est depuis fin mars au coeur d'affrontements Nord-Sud sans précédent depuis que le Soudan du Sud est devenu indépendant du Soudan en juillet 2011.
A la fin du mois dernier, les troupes sud-soudanaises avaient déjà brièvement pris Heglig aux Soudanais.Mais les violences se sont intensifiées à partir du 10 avril, quand les hommes de Juba ont occupé plus durablement le champ pétrolier qui s'y trouve.
ONU, Union africaine (UA), Chine, Etats-Unis: la communauté internationale, qui craint une nouvelle guerre ouverte entre les deux voisins, multiplie depuis les appels à la retenue.
Vendredi soir encore, le président américain, Barack Obama, demandait aux présidents soudanais, Omar el-Béchir, et sud-soudanais, Salva Kiir, d'avoir le courage de revenir sur le chemin des négociations.
Jeudi, la Chine, alliée de longue date de Khartoum mais qui s'approvisionne aussi en pétrole auprès du Sud, avait déjà appelé les deux parties à "reprendre le dialogue dès que possible".
La position de Pékin, où Salva Kiir doit effectuer une visite officielle à partir de lundi, "est de promouvoir le dialogue et de pousser pour la paix," explique Li Guangyi, professeur à l'Institut des études africaines de l'université de Xiangtan (centre de la Chine).La Chine "ne soutient aucune partie et espère qu'elles résoudront leur dispute à travers le dialogue et la consultation, pas le combat."
Dimanche, l'UA a quant à elle de nouveau appelé les parties à cesser totalement les hostilités, pour prendre leurs responsabilités "vis-à-vis de la région, le reste de l'Afrique et la communauté internationale plus large".
Située à une soixantaine de km au nord de la capitale de l'Etat sud-soudanais d'Unité Bentiu, mais ancrée, affirme Khartoum, dans l'Etat soudanais du Kordofan-Sud, Heglig fait partie des zones frontalières revendiquées à la fois par le Nord et le Sud.
Malgré cette dispute territoriale, avant les récents affrontements, Khartoum tirait de la zone la majorité de sa production de pétrole.Heglig est donc ultra-stratégique pour le Nord qui, à la partition du Soudan, a vu les trois quarts des réserves de brut du pays passer aux mains du Sud.
Le tracé frontalier et le partage des ressources pétrolières sont deux grands sujets persistants de discordes entre les deux voisins.Mais des accusations réciproques de soutien à des groupes rebelles empoisonnent aussi encore les relations Juba-Khartoum.
Sous l'égide de l'UA, des pourparlers ont été engagés pour tenter d'apaiser les tensions.Mais les récents affrontements les ont mis à mal, le Parlement soudanais, notamment, décrétant leur suspension.
Avant des accords de paix signés en 2005, le Nord et le Sud se sont livré des décennies de guerre civile.La dernière vague du conflit, de 1983 à 2005, a fait quelque deux millions de morts.
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