Près de 300 parlementaires ont voté en faveur de la loi, 23 contre et deux se sont abstenus.Le texte définit comme haineux des propos qui alimentent la discrimination "contre des individus ou des groupes sur la base de leur nationalité, leur appartenance ethnique et religieuse, leur sexe ou leur handicap".Les peines pour la propagation de telles déclarations comprennent des amendes pouvant aller jusqu'à 100.000 birrs (environ 2.870 euros) et des peines de prison jusqu'à deux ans.Lorsque le discours de haine ou la "désinformation" aboutit à "une attaque contre des individus ou des groupes", la peine de prison peut être portée à cinq ans.Selon les parlementaires, il était nécessaire de légiférer contre les discours de haine car ils ont été jugés partiellement responsables de l'augmentation des violences ethniques dans le pays. Et les tensions devraient s'accroître à l'approche des élections prévues en août prochain."Cependant (la nouvelle loi) ne devrait, en aucune manière, porter atteinte au droit des gens d'exprimer leurs opinions", a déclaré un parlementaire du Front de libération du peuple tigréen, Adhana Haile."Nous devons aussi nous assurer que cette loi ne sera pas appliquée pour les mauvais motifs, contre des individus ayant des idées et des points de vue différents", a ajouté M. Adhana.Des experts étrangers avaient exprimé des craintes similaires en décembre à propos de la version initiale du texte.Son "flou excessif signifie que des responsables aux niveaux fédéral et régional auraient la possibilité pratiquement illimitée de décider contre qui enquêter et qui poursuivre", avait déclaré en décembre David Kaye, rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d'expression.Selon lui, la version initiale aurait pu "exacerber les tensions ethniques, susceptibles à leur tour d'alimenter de nouvelles violences".La loi adoptée jeudi apparaît largement inchangée par rapport à la version critiquée par M. Kaye.L'organisation Human Rights Watch (HRW) avait elle aussi averti en décembre que la loi pourrait être utilisée pour cibler des personnes échangeant des contenus ou des messages sur internet."L'Ethiopie devrait retirer les dispositions légales limitant la liberté d'expression, et non ajouter davantages de dispositions vagues qui risquent d'étouffer un débat public crucial sur des questions importantes", avait alors déclaré une de ses responsables, Laetitia Bader.Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, prix Nobel de la Paix 2019, a été salué pour ses réformes en faveur d'une plus grande ouverture en matière politique et médiatique. Mais ses détracteurs l'accusent d'avoir des tendances autoritaires et notamment d'emprisonner ses opposants.
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