Le conseil exécutif de l'Unesco a annoncé jeudi dans un communiqué qu'il "suspendait" le prix scientifique offert par le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, objet d'une polémique entre pays africains et occidentaux du fait de la corruption de ce régime.
Depuis des mois, des ONG, des universitaires et jusqu'au prix Nobel de la paix Desmond Tutu appelaient l'Unesco à annuler ce prix, le jugeant contraire aux valeurs de l'organisation de l'ONU pour la science, la culture et l'éducation.
"Les 58 membres du Conseil exécutif de l'Unesco ont convenu aujourd'hui de suspendre le Prix international Unesco-Obiang Nguema Mbasogo pour la recherche en sciences de la vie et de poursuivre les consultations entre toutes les parties concernées, dans un esprit de respect mutuel et jusqu'à ce qu'un consensus soit trouvé", a indiqué l'Unesco.
"Je prends note de la décision prise par nos Etats membres, qui a été obtenue par consensus et dans le respect et la dignité de toutes les parties concernées", a ajouté la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, citée dans le communiqué.
Les Etats membres s'étaient mis d'accord lundi soir pour adopter cette semaine en réunion plénière une résolution de suspension du prix, selon des diplomates.
"Comme il y a une large opposition à ce prix au sein du conseil, c'est une formule élégante pour mettre fin à cette controverse", avait relevé un de ces diplomates."Cela signifie en clair que la mise en oeuvre du prix Obiang est renvoyée aux calendres grecques", avait renchéri un autre diplomate.
En juin, le conseil exécutif avait chargé la directrice générale Irina Bokova de trouver une solution pour sa prochaine réunion en octobre.
Le président Obiang qui dirige d'une main de fer depuis un coup d'Etat en 1979 la Guinée équatoriale, petit Etat d'Afrique centrale, avait offert 3 millions de dollars pour cinq ans, à raison de 300.000 dollars par an à partager entre trois chercheurs (le reste pour l'administration du prix) pour "récompenser la recherche en sciences de la vie".
Son pays est le troisième producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne mais l'essentiel de sa population (moins d'un million d'habitants) vit dans la pauvreté.
Dans son rapport 2009, l'ONG Transparency International fait figurer la Guinée équatoriale à la 168e place sur 180 pays en matière de corruption.Selon le Sénat américain, le président Obiang et son entourage auraient détourné une partie significative des revenus pétroliers du pays.
L'appel des ONG à annuler le prix avait été relayé par les Etats-Unis et les pays européens, alors que les pays africains refusaient de se désolidariser du président Obiang.
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