La contrebande d'ivoire en Tanzanie dopée par des visites officielles chinoises

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Pékin (AFP)

Des visites en Tanzanie de délégations chinoises, dont celle du président Xi Jinping, se sont accompagnées d'une forte hausse des ventes illégales d'ivoire, rapporté en contrebande par les officiels, a dénoncé jeudi une ONG.

Ces informations ont été catégoriquement démenties par Pékin, qui a fait part de son "vif mécontentement".

Le prix de l'ivoire dans la capitale économique de la Tanzanie, Dar es Salaam, a ainsi doublé à l'occasion de la venue en mars 2013 du numéro un chinois, a affirmé l'Agence d'investigation environnementale (EIA), dont le siège est à Londres.

"Les membres de l'imposante délégation gouvernementale et commerciale ont mis à profit cette visite pour acheter de telles quantités d'ivoire que les prix se sont envolés", selon un rapport de l'ONG intitulé "Vers l'extinction: criminalité, corruption et disparition des éléphants en Tanzanie".

Les investigateurs de l'EIA ont enquêté sur les marchés de vente illégale d'ivoire de Tanzanie, recueillant des témoignages de marchands se félicitant de leurs affaires fructueuses avec les responsables chinois.

En décembre 2013, une visite officielle d'une délégation de la Marine chinoise dans le port de Dar es Salaam s'est également traduite par une hausse des ventes des trafiquants d'ivoire, selon l'EIA.

Un marchand a ainsi relaté avoir vendu pour 50.000 dollars d'articles en ivoire aux marins en escale, tandis qu'un Chinois a été interpellé porteur dans une camionnette de 81 défenses d'éléphants qu'il destinait à deux sous-officiers de l'équipage.

Ce contrebandier chinois a ensuite été condamné cette année à 20 ans d'emprisonnement.

"Des groupes criminels dirigés par des Chinois s'entendent avec des responsables tanzaniens pour vendre en contrebande d'énormes quantités d'ivoire, un commerce qui a causé le braconnage de la moitié des éléphants de Tanzanie ces cinq dernières années", accuse l'Agence d'investigation environnementale.

Sur l'année 2013 par exemple, la Tanzanie a perdu 10.000 éléphants, soit une trentaine par jour, abattus pour alimenter le trafic d'ivoire.

"La Tanzanie est la première source mondiale d'ivoire issu de l'abattage illégal et la Chine est le premier importateur de défense en contrebande", résume l'EIA.

"Ce rapport est infondé", a réagi jeudi Hong Lei, porte-parole de la diplomatie chinoise."Nous en sommes très mécontents".

"Nous attachons une grande importance à la protection de la faune sauvage et des éléphants", a-t-il poursuivi, en précisant que les autorités chinoises avaient récemment adopté une nouvelle législation et pris des mesures gouvernementales pour réprimer le trafic d'ivoire, en coordination avec d'autres pays.

Meng Xianlin, un responsable de l'Administration chinoise des forêts également chargé des engagements de la Chine auprès de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), a lui qualifié les informations du rapport de "balivernes".

Selon l'ONG Save the Elephants, le prix de l'ivoire provenant des éléphants tués par des braconniers en Afrique a triplé depuis quatre ans en Chine, plus gros marché mondial.Cela procure des bénéfices considérables au crime organisé vivant de ce trafic.

Le braconnage d'éléphants a atteint des niveaux si alarmants en Tanzanie que les pachydermes pourraient disparaître du pays d'ici à 2020, a prévenu en mai la Société de protection des éléphants de Tanzanie (Teps).

 

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