La CPI confirme les charges contre deux candidats à la présidentielle au Kenya

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LA HAYE (AFP) - (AFP)

Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) ont confirmé lundi les charges contre quatre Kényans, dont deux candidats à la présidentielle de 2013, soupçonnés de crimes contre l'humanité lors des violences post-électorales de 2007-2008, ouvrant la voie à des procès.

Il y a "des motifs substantiels de croire" que le vice-Premier ministre Uhuru Kenyatta et l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur William Ruto, sont "pénalement responsables" des crimes allégués par l'accusation, a déclaré la juge Ekaterina Trendafilova à La Haye.

Les juges ont ainsi décidé de juger, dans des procès différents, des membres des deux camps qui s'étaient affrontés lors des violences qui avaient fait quelque 1.200 morts et plus de 600.000 déplacés après la réélection contestée du président Mwai Kibaki, et qui se partagent désormais le pouvoir.

"J'ai coopéré avec la CPI tout au long du processus et continuerai de la faire parce que je crois en l'Etat de droit," a aussitôt réagi M. Kenyatta, assurant avoir la "conscience tranquille".

Comme les trois autres accusés, il fait l'objet d'une citation à comparaître et s'était à plusieurs reprises présenté libre devant la CPI.

L'ancien ministre de l'Enseignement supérieur Ruto a de son côté qualifié d'"étranges" les charges retenues contre lui et assuré maintenir sa candidature à la prochaine élection présidentielle kényane.

Dans le camp du président Kibaki et du Parti de l'Unité nationale (PNU), les charges de meurtre, transfert forcé de population, viol, persécution et autres actes inhumains ont été retenues contre M. Kenyatta, 50 ans.

Il est considéré comme leur "co-auteur indirect", tout comme Francis Muthaura, 65 ans, bras droit du président Kibaki, alors que les charges à l'encontre Mohammed Hussein Ali, 56 ans, chef de la police à l'époque des faits, ont été abandonnées.

Dans le camp du Premier ministre Raila Odinga, et du Mouvement démocratique orange (ODM), William Ruto est également poursuivi comme "co-auteur indirect" (BIEN co-auteur), ainsi que le présentateur de radio Joshua Arap Sang, 36 ans.Ils sont tous deux accusés de meurtre, transfert forcé de population et persécution.

Mais les magistrats de La Haye renoncent à juger l'ancien ministre de l'Industrialisation Henry Kosgey, 64 ans, jugeant insuffisants les éléments de preuve présentés par le procureur Luis Moreno-Ocampo.

"La présomption d'innocence reste pleinement intacte", a souligné la juge Trendafilova, qui a lu un résumé de l'ordonnance rendue par les juges, dans une salle d'audience de la CPI à La Haye.

"Lors du procès, l'accusation devra établir la culpabilité des accusés au-delà de tout doute raisonnable", a-t-elle ajouté.

Le procureur de la CPI avait présenté en décembre 2010 deux dossiers.Dans l'un, le clan de M. Odinga, auquel appartient William Ruto, est accusé d'avoir "mis en place un plan criminel (...) bien avant" le scrutin du 27 décembre 2008 pour s'emparer du pouvoir, selon l'accusation.

Dans l'autre, les proches du président Kibaki, Uhuru Kenyatta et Francis Muthaura, sont soupçonnés d'avoir, en réaction, conçu et mis en oeuvre un "plan commun" d'attaques généralisées et systématiques contre des partisans de l'ODM pour conserver le pouvoir en utilisant une organisation criminelle, les Mungiki, et des jeunes supporteurs du PNU.

"Il ne s'agit ici que de quatre individus.Des milliers de violations des droits de l'Homme, certaines pouvant être considérés comme des crimes contre l'humanité, ont été commises durant la période postélectorale et des milliers de victimes attendent encore la justice", a réagi Amnesty International, estimant "vital" que "le Kenya ouvre des enquêtes".

La défense et l'accusation ont cinq jours ouvrables pour demander aux juges de la chambre préliminaire de les autoriser à faire appel.

Une fois les charges définitivement confirmées, la date de l'ouverture du procès dépendra du nombre de charges, de la nature des crimes, et du nombre de suspects, selon Fadi el-Abdallah, le porte-parole de la CPI.

La CPI a reconnu à 560 personnes la qualité de victime autorisée à participer à la procédure.

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