Une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement étaient accueillis samedi à Dakar pour un sommet de la Francophonie visant à dénouer le casse-tête de la succession du Sénégalais Abdou Diouf, sur fond de péril Ebola et d'alternances politiques en Afrique.
Si Dakar était pavoisée aux couleurs des pays de la Francophonie, qui représente 274 millions de locuteurs dans le monde, majoritairement en Afrique, le XVe sommet a été excentré en grande périphérie de la capitale pour inaugurer un centre de conférence dernier cri, en pleine campagne.
Les délégations étaient accueillies en grande pompe par le président sénégalais Macky Sall et Abdou Diouf, un de ses prédécesseurs, qui à 79 ans se retire de la vie publique, tandis que les participants étaient priés de prendre leur température à l'entrée du centre pour vérifier l'absence de fièvre, l'un des symptômes d'Ebola.
L'Afrique de l'Ouest est en proie à la pire épidémie de cette fièvre hémorragique depuis la découverte du virus il y a 38 ans, avec près de 5.700 morts en presque un an, essentiellement dans trois pays: Liberia, Sierra Leone et Guinée.
L'ouverture du sommet, consacré aux femmes et aux jeunes, va être marquée par la passation de relais entre Macky Sall et le président de la République du Congo Joseph Kabila, hôte du précédent sommet en 2012.Ils se succéderont à la tribune, avant leur homologue français François Hollande, sur une quinzaine d'orateurs en tout.
Reporters sans Frontières a rappelé vendredi que le régime congolais, déjà accusé voici deux ans par Paris de violer les droits de l'homme, continuait de bafouer la liberté de la presse.
Les chefs d'Etat et de gouvernement se réuniront ensuite à huis clos pour évoquer la situation politique internationale et la situation économique mondiale.
Mais les discussions porteront surtout sur les cinq candidats au poste de secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF): quatre Africains et une Canadienne d'origine haïtienne, dont le vainqueur doit être annoncé dimanche.
Dirigé pendant douze ans par l'ex-président sénégalais, l'OIF, jusqu'alors connue pour ses missions de coopération dans le développement et de soutien à la langue française, a gagné en poids politique, grâce à la diplomatie d'influence dans les crises africaines pratiquée par M. Diouf auprès de ses anciens pairs.
- Printemps au sud du Sahara?-
François Hollande a loué avant son départ les qualités de l'ex-gouverneure générale du Canada Michaelle Jean.La voix de la France, qui se défend de jouer les faiseurs de rois et veut privilégier le consensus à un moment charnière de l'OIF, porte malgré tout au sein de l'organisation en sa qualité, notamment, de premier bailleur.
La candidature de Mme Jean est très critiquée par certains pays africains au nom d'une règle non écrite qui veut que le secrétaire général soit issu d'un pays du Sud -- certains estiment même qu'il doit rester une chasse gardée africaine - et que l'administrateur vienne du Nord.
Pourraient alors avoir leurs chances l'ex-Premier ministre mauricien Jean-Claude de Lestrac, l'ambassadeur et écrivain congolais Henri Lopes ou l'ex-président burundais Pierre Buyoya.L'Equato-Guinéen Agustin Nze Nfumu, a, lui, peu convaincu.Une candidature de dernière minute est même possible.
En coulisses, la chute soudaine de Blaise Compaoré, au pouvoir au Burkina Faso depuis 1987, qui a donné matière à réflexion à plus d'un dirigeant africain tenté de se maintenir indéfiniment au pouvoir, devrait être de toutes les discussions.
François Hollande a donné le ton avant son arrivée en exhortant les dirigeants à ne pas s'accrocher au pouvoir comme M. Compaoré, qui avait annoncé un projet de révision constitutionnelle pour lui permettre de briguer un nouveau mandat.
Le président français a estimé lors d'un entretien radio-télévisé vendredi que la destitution du président burkinabé sous la pression populaire pouvait "servir de leçon à beaucoup de chefs d'Etat, et pas seulement en Afrique".
S'agit-il pour autant des prémices d'un "printemps africain" ? Abdou Diouf, qui se retire ce week-end de la vie publique à 79 ans avec la réputation d'un vieux sage, a dit ne pas "du tout" y croire.
Le Premier ministre tunisien Mehdi Jomaa, qui conduit la délégation de son pays, berceau des révolutions arabes, a déclaré pour sa part à l'AFP que cette expérience "ne servirait pas de modèle", compte tenu des spécificités de chaque Etat, "mais d'espoir" pour tous les peuples aspirant à la liberté ou la démocratie.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.