La tension persistait mercredi en Guinée où trois personnes ont été tuées à Conakry dans des violences liées à l'annonce des résultats provisoires de la présidentielle donnant Alpha Condé vainqueur, ce qui porte à au moins sept le nombre de morts en trois jours.
"Trois corps ont été retrouvés en des endroits différents" de Ratoma, fief du candidat malheureux Cellou Dalein Diallo, dont la population est essentiellement peule, a déclaré à l'AFP un membre de la Croix-Rouge guinéenne, Amara Camara.
"Nous avons enregistré ici trois décès", a confirmé, sous couvert de l'anonymat, un médecin à bord d'une ambulance qui sillonnait Conakry."Selon des témoignages que nous avons recueillis sur place, ce sont des membres des forces de l'ordre qui ont tiré", a-t-il dit.
Des tirs à l'arme automatique avaient été entendus dans la nuit, jusqu'au petit matin, dans cette commune de Ratoma, la seule de la capitale à ne pas avoir donné la victoire à Condé.
L'opposant historique Alpha Condé (d'ethnie malinké) l'avait emporté avec 52,5% des voix, face à l'ancien Premier ministre (d'ethnie peule) Cellou Dalein Diallo (47,5%), selon les résultats provisoires publiés lundi.
Selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources, les nouveaux décès de Ratoma portent à au moins sept le nombre de morts dans les violences post-électorales.
Les autorités n'ont, de leur côté, évoqué aucun mort.
Mardi soir, le Premier ministre du régime de transition, Jean-Marie Doré, a semblé jeter de l'huile sur le feu en qualifiant de "loubards" les partisans de Diallo qui avaient protesté, parfois violemment, contre la victoire de Condé.
"Depuis quelques jours, des loubards se sont livrés à des actes de vandalisme en s'attaquant à des citoyens innocents et à leurs biens", a affirmé le chef du gouvernement, à la télévision nationale.Il a cité les noms de divers fiefs électoraux de M. Diallo: Ratoma mais aussi Labé, Pita et Dalaba, trois villes de Moyenne-Guinée, et a annoncé un couvre-feu de 17H00 à 6H00 dans la région de Labé.
Le chef du gouvernement a même affirmé que ces "loubards", "munis de sabres et de fusils de fabrication locale", s'attaquaient aux véhicules de transport en commun et pillaient les passagers" sur différents axes routiers de l'intérieur du pays.
M. Doré a déclaré qu'à Pita, "les fonctionnaires non originaires de la région étaient obligés de se réfugier à la gendarmerie pour se protéger" et a relevé de ses fonctions, "pour faiblesse", le préfet de la ville, le colonel Mamadou Mark Diallo (un Peul), remplacé par le lieutenant-colonel Mamadou Bah Soumah (d'ethnie soussou), qui y commandait la gendarmerie.
Des résidents et des journalistes de Pita et Dalaba, deux villes de Moyenne-Guinée (centre) peuplée à 80% de Peuls, bastions électoraux de Diallo, ont au contraire accusé des agents des forces de l'ordre d'avoir maltraité des habitants et pillé des magasins, dans la nuit.
Lundi, M. Diallo avait lancé "un appel pressant" à ses électeurs pour qu'ils "évitent les violences de toute nature", en attendant que ses "réclamations" pour "fraudes" soient examinées par la Cour suprême.
Mais mardi, il a accusé les forces de l'ordre d'"assassinats" et de "brutalité sauvage" à l'encontre de ses partisans et des membres de son ethnie peule."Je sais ne pas pouvoir compter sur le Premier ministre et le ministre de la Sécurité qui sont derrière cette répression", a-t-il dit.
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