Lampedusa et l'Italie tout entière ont pleuré vendredi les victimes d'un naufrage près de l'île de Lampedusa qui aurait causé la mort d'au moins 300 migrants, la plupart érythréens, et ont lancé des appels à l'Europe pour faire cesser ces "tragédies".
Le navire, parti de Libye et qui a coulé tôt jeudi matin, transportait 450 à 500 migrants, selon les autorités.Seuls 155 environ ont été sauvés, ce qui laisse craindre un bilan d'environ 300 morts, dont beaucoup de femmes et d'enfants.Cela fait de ce naufrage le pire drame de l'immigration des dernières années.
Jusqu'à présent, 111 corps ont été ramenés à terre, mais la récupération des cadavres a été interrompue vendredi "car la mer est trop agitée pour les sorties en mer", a indiqué à l'AFP Leonardo Ricci, un responsable de la police financière à Lampedusa.
Selon lui, les plongeurs "ont vu des corps sur le fond et à l'intérieur" du bateau de pêche qui gît à 40 mètres de profondeur, à environ 550 mètres de la côte.
En soirée, un millier d'habitants de Lampedusa ont rendu un hommage émouvant aux victimes au cours d'une marche aux flambeaux."C'est vraiment important de venir.Nous sommes habitués à faire de notre mieux pour sauver les gens, mais rien de tel n'était jamais arrivé ici", a dit Michele Rossi, un commerçant de cette île devenue le principal port d'entrée des migrants venant d'Afrique.
Dans un geste inédit, le maire de gauche de Rome Ignazio Marino a annoncé que les 155 rescapés seraient accueillis dans la capitale "en signe de rébellion contre la résignation et l'indifférence".
A Lampedusa, les magasins étaient fermés vendredi pendant que le pays observait une journée de deuil (minutes de silence, drapeaux en berne).
Entassés sur le navire en avarie, les migrants ont enflammé une couverture pour signaler leur présence, ce qui a provoqué un incendie puis le naufrage, vers 4/5h00 (2/3h00 GMT).Les premiers secours sont arrivés vers 5H00 GMT.
"On a entendu des cris et on s'est précipités et nous avons trouvé une situation de cauchemar", a déclaré à l'AFP un commerçant de Lampedusa, Alessandro Marino, qui a dit en pleurant n'avoir réussi à en "sauver que 47".
Une pétition pour décerner le prix Nobel de la paix à Lampedusa, lancée par l'hebdomadaire L'Espresso, a déjà recueilli plus de 20.000 signatures.
"C'est une horreur en bas, des dizaines de corps peut-être des centaines.Ils sont empilés les uns sur les autres", a déclaré à l'agence Ansa, Rocco Canell, un plongeur d'une école privée.
"Cela ne peut pas continuer comme ça, nous espérons que les politiques vont changer, l'avenir de Lampedusa est directement lié aux politiques d'asile et sur l'immigration", a exhorté le maire de l'île Giusi Nicolini.
Parlant de "journée de pleurs", le pape François a dénoncé au cours d'une visite à Assise "l'indifférence à l'égard de ceux qui fuient l'esclavage, la faim pour trouver la liberté"
"D'autres tragédies"
Le Premier ministre italien Enrico Letta a annoncé que les victimes se verraient toutes accordées la nationalité italienne, parlant de "honte" et demandant à l'Europe "d'accroître son niveau d'intervention".
Plusieurs maires siciliens, dont celui de Cammarata, Vito Mangiapane, ont proposé des places dans leur cimetière pour accueillir "ces pauvres gens".
Les corps, enveloppés dans des linceuls en plastique ont été alignés dans un hangar de l'aéroport où les visages sont photographiés pour une possible identification ultérieure.
Selon l'OIM (Bureau international des migrations), pour ces traversées, ils payent "entre 1.200 et 2.000 euros" sur des bateaux "en très mauvais état".
Le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), qui a un représentant à Lampedusa, a précisé que les migrants, "des Erythréens", étaient partis de Misrata (Libye), puis passés par Zuwara avant de se diriger vers Lampedusa, plus proche de l'Afrique du Nord que du reste de la Sicile.
"C'est un Tunisien de 35 ans qui avait été expulsé en avril" d'Italie qui pilotait le bateau clandestin et a été arrêté, a indiqué le vice-Premier ministre Angelino Alfano, qui a dit craindre "d'autres tragédies" après un afflux de "30.000 migrants" depuis le début de l'année en Italie.
Il a appelé à changer les règles européennes qui "font trop peser sur les pays d'entrée la charge de l'immigration clandestine" et à surveiller davantage les côtes en Tunisie et en Libye d'où partent les bateaux de clandestins.
Selon le réseau d'ONG Migreurop à Paris, en vingt ans, 17.000 migrants sont morts en tentant de rallier l'Europe.
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