Le commerce international de l'ivoire reste interdit, mais le débat persiste

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Johannesburg (AFP)

La conférence mondiale sur la protection de la vie sauvage a réaffirmé lundi l'interdiction du commerce international de l'ivoire, sans réussir à trancher le débat qui divise ONG et pays africains sur les meilleurs moyens de lutter contre le braconnage des éléphants.

Au terme de discussions acharnées, les délégués de la Convention internationale sur le commerce d'espèces sauvages menacées (Cites), réunis à Johannesburg, ont refusé au Zimbabwe et à la Namibie l'autorisation de vendre "leur" ivoire à l'étranger.

Ces deux pays, soutenus par certains de leurs voisins, avaient sollicité le feu vert de la Cites pour écouler leurs réserves de défenses confisquées ou prélevées sur des pachydermes décédés de mort naturelle, afin de financer leurs programmes de protection.

Mais, dans un contexte de forte recrudescence du braconnage, leur requête a été rejetée à une forte majorité.

Quelque 110.000 éléphants africains ont été tués au cours de la dernière décennie, victimes de la recrudescence du trafic d'ivoire, selon l'Union internationale pour la protection de la nature (UICN).

Le vote de lundi a été salué par une partie des associations internationales de protection de la faune, qui refusent bec et ongles toute forme de commerce.

La proposition de la Namibie et du Zimbabwe "aurait pu ouvrir un véritable boulevard aux gangs criminels pour faire du blanchiment d'ivoire braconné", a réagi Ginette Hemley, du Fonds mondial pour la protection de la faune sauvage (WWF).

Elle aurait "porté atteinte aux efforts visant à réduire la demande qui alimente le braconnage", a-t-elle insisté.

A l'inverse, les pays africains et organisations tenants d'une ouverture contrôlée du commerce ont confié leur préoccupation.

"Nous sommes très déçus", a confié le président de l'Association zimbabwéenne des organisateurs de safaris, Emmanuel Fundira, déplorant un "manque de considération pour les sans-voix".

Angus Middleton de l'ONG Namibia Nature Foundation (NNF) a lui aussi fait part de sa "profonde inquiétude": "Le concept d'utilisation durable (de l'ivoire) comme outil de protection (...) est systématiquement discrédité", a-t-il regretté.

A l'image de la controverse entre tenants et adversaires de la légalisation des drogues, le débat sur l'autorisation contrôlée de la vente de l'ivoire a pris à Johannesburg un tour très politique.

La Namibie et le Zimbabwe, bien sûr, mais aussi l'Afrique du Sud, ont violemment dénoncé ces derniers jours les défenseurs occidentaux des animaux, les accusant de "dicter" aux Africains la façon dont ils doivent gérer leurs ressources. 

- "Tragédie" -

"Chaque pays est souverain et les gens font leurs choix, mais nous n'apprécions pas que ces mêmes pays essaient de nous imposer leurs choix", a réagi la ministre zimbabwéenne de l'Environnement, Oppah Muchinguri, après le vote de lundi.

Le commerce international de l'ivoire est interdit depuis 1989.

Mais en 1997 et 2000, la Cites avait autorisé à titre exceptionnel le Botswana, la Namibie, l'Afrique du Sud et le Zimbabwe à vendre leurs stocks de défenses à la Chine et au Japon.

Pour ce faire, elle avait réduit le degré de protection dont bénéficient leurs populations de pachydermes en les faisant passer de l'annexe I (commerce totalement interdit) à l'annexe II (commerce limité accepté).

La question du classement a été reposée lundi, avec la proposition de refaire passer toutes les espèces d'éléphants dans l'annexe I.

Cette demande a toutefois été rejetée par vote, provoquant l'inquiétude de certaines ONG."C'est une tragédie pour les éléphants", a déploré Kelvin Alie, du Fonds international pour le bien-être animal (IFAW).

A l'inverse WWF et le Zimbabwe, dont la population d'éléphants a été moins décimée que dans d'autres pays, s'en sont réjouis. 

Pour WWF, le risque était grand que la Namibie se retire de la Cites en cas d'adoption de la proposition.

Un changement "aurait nui au Zimbabwe, qui a réussi à faire croître sa population et à s'assurer (...) que le produit tout commerce visant les éléphants revenait aux populations locales", s'est félicitée la ministre zimbabwéenne de l'Environnement.

Loin de ce débat, Tom Milliken, de l'ONG Traffic, a jugé pour sa part que le classement des éléphants n'avait que "peu d'impact" sur leur protection."Toute la protection théorique du monde ne compensera pas le mauvais respect des lois, la corruption rampante et l'inefficacité administrative", a-t-il tranché.

La Cites règlemente la protection de 5.600 espèces animales et 30.000 espèces de plantes.

    

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