Une fanfare mortuaire a marqué dans la matinée l'arrivée du corps dans un cercueil drapé aux couleurs du Mali dans un camp militaire de Bamako.
Amadou Toumani Touré, dit "ATT", ses initiales, qui a dirigé le Mali en 1991-1992 avant d'être élu président en 2002, est décédé à l'âge de 72 ans dans la nuit du 9 au 10 novembre en Turquie, où il s'était rendu pour raisons médicales.
Le président de transition, Bah Ndaw, lui-même un militaire sorti de sa retraite, était dans la tribune d'honneur, ainsi que le chef des putschistes du 18 août et actuel vice-président, Assimi Goïta, ou encore l'ancien président Alpha Oumar Konaré.
"C'est un grand qui vient de tomber, une perte inestimable pour le Mali.Il est venu avec le souffle de la vie, il repart avec le vent de l'espoir", a déclaré devant plusieurs centaines de personnes le maître de cérémonie.
L'hommage, essentiellement militaire, a été marqué par quelques moments moins solennels, comme lorsque qu'une fille de l'ancien président a évoqué avec tendresse son "papa" qui, avec son épouse, avait créé la "Fondation pour l'enfance", ainsi que l'hôpital du Luxembourg de Bamako, l'un des centres hospitaliers les mieux équipés du Mali.
Des dizaines d'enfants et des représentants de l'Association des personnes de petite taille --autre cause qui lui tenait à coeur-- ont assisté à la cérémonie.
Un peintre, Ismaël Touré, a réalisé son portrait en direct."J'ai voulu lui rendre à ma manière un dernier hommage.Il aimait les artistes, vraiment ce fut un grand homme", a-t-il confié à l'AFP.
La cérémonie, retransmise en direct par la télévision malienne, s'est achevée par un défilé militaire.
"ATT mérite ça.Je suis content d'être là", a déclaré Oumar Diallo, un fervent partisan de l'ex-président.
- Récidivistes du putsch -
Amadou Toumani Touré a ensuite été inhumé selon le rite musulman au cimetière de Hamdallaye, dans l'ouest de la capitale, qui a dû refuser du monde, selon un correspondant de l'AFP.
Il reste aux yeux de nombreux Maliens le militaire qui a mis le pays sur la voie de la démocratie en 1992 après plus de 20 ans de dictature, au point de gagner le surnom de "soldat de la démocratie".
Sa présidence s'est cependant achevée abruptement en 2012 par un putsch censé enrayer la déroute de l'armée face aux rebelles indépendantistes et jihadistes dans le Nord, mais qui l'a en fait précipitée, plongeant le pays dans une crise qui se poursuit.
Depuis huit ans, le pays pauvre et enclavé est aspiré dans une spirale de violences jihadistes et intercommunautaires qui ont fait des milliers de morts et se sont propagées au centre du Mali, au Burkina Faso et au Niger.
Exilé au Sénégal, Amadou Toumani Touré est autorisé en 2017 à rentrer par le président Ibrahim Boubacar Keïta, mais ce n'est que fin 2019 qu'il se réinstalle pour de bon au Mali.
Il dit alors être disposé à "s'investir" pour la paix et la sécurité, à l'occasion de la célébration du 100e anniversaire de la création de sa ville natale de Mopti (centre), où il est accueilli par une foule enthousiaste.
Il reste toutefois discret et Ibrahim Boubacar Keïta est à son tour renversé le 18 août.Certains des officiers impliqués dans ce nouveau coup de force, dont leur numéro deux, le colonel Malick Diaw, figuraient déjà sur la photo de groupe des putschistes de 2012.
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