Le nouveau ministre marocain des Affaires étrangères, Saad Eddine Othmani, était attendu lundi à Alger pour sa première visite à l'étranger afin de relancer les liens des deux voisins et dynamiser l'Union du Maghreb arabe, plombée pendant des années par la tension entre Alger et Rabat.
M. Othmani, un des principaux dirigeants du parti islamiste modéré Justice et Développement (PJD) vainqueur des législatives de l'an dernier, effectue la première visite en Algérie d'un chef de la diplomatie marocaine depuis celle en juin 2003 de Mohamed Bénaïssa où il devait justement relancer le "processus d'édification" du Maghreb.
Le ministre marocain, qui sera reçu par le président Abdelaziz Bouteflika, devait arriver du Caire après une réunion de la Ligue arabe sur la Syrie.
Cette visite de deux jours, à l'invitation de son homologue algérien Mourad Medelci, s'inscrit dans un contexte marqué par des changements dans le monde arabe et d'une "volonté partagée" de tous les pays de la région de "dynamiser" l'Union du Maghreb arabe (UMA), selon les propos dimanche du ministre délégué algérien aux Affaires maghrébines et Africaines Abdelkader Messahel.
L'UMA, actuellement présidée par la Libye, comprend cinq pays: outre l'Algérie, le Maroc et la Libye, figurent la Tunisie et la Mauritanie.
Son inaction provient surtout de l'opposition de Rabat et d'Alger sur le Sahara Occidental, ex-colonie espagnole occupée en 1975 par Rabat comme partie intégrante de son territoire alors qu'Alger soutient le front indépendantiste sahraoui Polisario.L'Onu mène actuellement des négociations pour parvenir à une solution internationale.
Pour l'heure, les points de vue restent opposés: Rabat offre une large autonomie au Sahara Occidental sous sa souveraineté.Le Polisario veut un référendum international pour permettre aux Sahraouis de choisir la meilleure solution.
Le problème sahraoui antérieur à la création de l'UMA
Abdelaziz Rahabi, ancien ministre algérien de la Communication et diplomate, rappelle toutefois lundi au quotidien El-Watan, que le problème du Sahara est antérieur à l'UMA, créée en 1989.Selon lui, les Marocains jugent aujourd'hui comme ils l'avaient fait initialement que de "bonnes relations" avec Alger "pourrraient servir de catalyseur au règlement de la question sahraouie".
Le porte-parole algérien du ministère des Affaires étrangères Amar Belani a rappelé dimanche que cette visite devait "raffermir les liens de fraternité et de coopération" des deux pays, en écho aux propos identiques du ministère marocain des Affaires étrangères vendredi dernier annonçant cette visite.
Les dossiers en suspens portent notamment sur "l'indemnisation des Algériens chassés du Maroc" après la fermeture de la frontière terrestre en 1994 décidée par Rabat.Ce dernier avait mis en cause le renseignement militaire algérien dans un attentat meurtrier à Marrakech.
A l'appel marocain à une réouverture de cette frontière, M. Messahel a rétorqué dimanche qu'elle s'ouvrira "bien un jour".
Il y a aussi, comme le relève lundi l'éditorial du journal francophone Liberté, "le trafic de drogue qui empoisonne aujourd'hui la société algérienne", avec plus de 300.000 consommateurs, en référence aux tonnes de cannabis marocain régulièrement saisis en Algérie.
Et enfin la dégradation de la sécurité dans le Sahel depuis le début le conflit libyen inquiète Alger qui veut d'ailleurs en parler à la prochaine réunion de l'UMA "probablement" le 17 février à Rabat, selon M. Messahel.
Le roi Mohammed VI avait expressément appelé à un réchauffement des liens avec Alger et à une ouverture de la frontière dans son discours du trône du 30 juillet.
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