Le Niger lavera l'"affront" subi vendredi par son armée, qui a perdu trente hommes dans une attaque massive du groupe islamiste nigérian Boko Haram à Bosso, une localité du Niger proche du Nigeria, a promis son ministre de la Défense, Hassoumi Massoudou.
"Il faudra continuer à se battre, il faudra que cet affront soit lavé, il n'y a rien à faire, il faut que ce soit vengé!", a lancé dimanche le ministre aux soldats de la garnison de Bosso, selon des images de la télévision d'Etat diffusées lundi.
A Bosso, le ministre a visité "des positions militaires" en compagnie de plusieurs chefs de l'armée et du général nigérian Lamidi Adeosun, patron de la force multinationale contre Boko Haram (Nigeria, Niger, Cameroun, Tchad).
Le ministre a également sillonné la ville pour voir "l'ampleur des dégâts" causés par les insurgés islamistes, a souligné la télévision, sans cependant diffuser l'ensemble des images des "dégâts" enregistrés.On peut toutefois voir sur ces images un camion de transport de troupes de l'armée calciné et une ville fantôme, vidée de ses quelque 20.000 habitants et réfugiés nigérians.
"C'est terrible, tout le Niger pleure", a déploré le ministre, qui s'est dit "profondément meurtri" après la visite du champ de bataille.Ce qui s'est passé "sera malheureusement gravé dans l'histoire de notre peuple", a-t-il dit.
Il a exhorté les soldats à avoir "le moral relevé": cette "guerre, nous l'emporterons", a-t-il lancé.
"Des centaines d'assaillants" du groupe Boko Haram ont attaqué vendredi soir le poste militaire de reconnaissance de Bosso, tuant 30 militaires nigériens et 2 militaires nigérians, selon un communiqué du ministère nigérien de la Défense.
Il s'agit d'une des attaques les plus meurtrières menées par Boko Haram au Niger depuis que ce pays est entré en guerre contre les insurgés en février 2015. Le 25 avril 2015, Boko Haram avait anéanti une position militaire sur le lac Tchad, faisant 74 morts, dont 28 civils.Trente-deux soldats avaient également été portés disparus.
Vendredi, les éléments de Boko Haram "ont pris le contrôle de la ville temporairement aux cris de Allahou Akbar (Dieu est le plus grand, ndlr)", avant d'en être "délogés" par des renforts de l'armée le lendemain matin, selon une source sécuritaire nigérienne.
Ils ont brûlé des édifices publics et emporté des vivres, des médicaments et des véhicules, a précisé Elhaj Aboubacar, un habitant de Bosso, joint par l'AFP par téléphone.
Des milliers d'habitants ont fui la ville pour "des zones plus sûres", a indiqué de son côté lundi une source onusienne ayant requis l'anonymat.
Dans un communiqué, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) de Niamey a souligné lundi que eau, nourriture, abris et soins médicaux étaient "les besoins les plus urgents" pour ces déplacés.
Selon Ocha, les missions d'aide humanitaire vers Bosso sont pour le moment "suspendues" pour des "raisons de sécurité".
L'attaque de vendredi intervient alors que la Force multinationale mixte s'apprête à lancer une offensive "décisive" contre Boko Haram dans la région du Lac Tchad.
Bosso est un petit bourg à un jet de pierre du Nigeria dans le bassin du lac où les éléments de Boko Haram se sont installés après avoir été chassés de plusieurs de leurs fiefs dans le nord-est du Nigeria.
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