Le président angolais José Eduardo Dos Santos effectue mardi une visite officielle de deux jours en France, la première depuis vingt ans, censée marquer "une nouvelle étape" dans les relations entre Luanda et Paris après des années de tension dues au scandale de vente d'armes Angolagate.
M. Dos Santos, qui ne se déplace que très rarement à l'étranger --l'un de ses derniers voyages officiels en Europe (Portugal et Allemagne) remonte à 2009--, devait rencontrer à la mi-journée le président français François Hollande, pour sceller ce que le quotidien gouvernemental Jornal de Angola a qualifié de "nouvelle étape des relations avec la France".
Les rapports entre Paris et Luanda ont en effet été empoisonnés durant toute la décennie 2000 par "l'Angolagate", une affaire de vente d'armes illégale intervenue durant la guerre civile (1975-2002), avec des ramifications politiques en France.
La justice française a mis un point final en 2011 à ce scandale.Outre l'impact sur les relations diplomatiques, cette affaire a coûté d'importants contrats en Angola à des entreprises comme Air France ou Total, premier opérateur pétrolier dans le pays, a récemment rappelé Alex Vines, un expert du centre de réflexion britannique Chatham House.
Les deux pays ont commencé à renouer avec une visite en 2008 à Luanda du président français Nicolas Sarkozy, qui avait estimé que l'heure était venue de "tourner la page des malentendus du passé".
En octobre dernier, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, accompagné de représentants d'une quinzaine d'entreprises, s'était également rendu dans la capitale angolaise et avait insisté sur le souhait de Paris de "passer à une nouvelle étape".
M. Fabius a d'ailleurs convié mardi en fin de journée le président angolais et des chefs d'entreprises françaises pour "un forum d'affaires" au Quai d'Orsay.
La France est le troisième investisseur étranger en Angola et les échanges commerciaux entre les deux pays ont représenté 1,47 milliard d'euros en 2012.
Aucune grande annonce économique n'est attendue, mais la signature d'accords de coopération entre des entreprises françaises et des ministères angolais pourrait être annoncée, selon la presse angolaise.Elle évoque notamment un accord de formation entre le ministère du Pétrole angolais et Technip, groupe d'ingénierie français qui vient de remporter un gros contrat auprès du géant pétrolier Total en Angola.
Présent dans le pays depuis 1953, Total est le premier opérateur en Angola, avec 30% de la production pétrolière du pays.Avec environ 1,8 million de barils par jour, l'Angola est le deuxième producteur de pétrole en Afrique derrière le Nigeria.
- Luanda veut s'affirmer comme acteur régional -
Lors de leur rencontre mardi, MM.Hollande et Dos Santos devaient également aborder les crises régionales, comme la Centrafrique ou la République démocratique du Congo.
Luanda, qui n'envoie pas de troupes à l'étranger, a annoncé début mars une aide de 10 millions de dollars pour la Centrafrique, plongée depuis un an dans le chaos et où Paris intervient militairement au côté d'une force africaine.
L'Angola occupe par ailleurs depuis le début de l'année la présidence de la Conférence internationale des Grands Lacs, organisation qui rassemble les pays de la région.
"Le président Dos Santos recherche une reconnaissance internationale de ses efforts", selon Alex Vines."Au cours des derniers 18 mois, la présidence angolaise est devenue plus ambitieuse internationalement, ce qui peut signifier que le président Dos Santos cherche à léguer un héritage après 34 ans au pouvoir", estime ce spécialiste de l'Angola.
M. Dos Santos, 71 ans, est au pouvoir depuis 1979.Réélu avec près de 72% des voix en 2012, son régime est critiqué pour son autoritarisme et son incapacité à sortir la majorité de la population de la misère en dépit de la manne pétrolière.
"François Hollande et Laurent Fabius ne doivent pas sacrifier la question des droits de l'homme en faveur des bonnes relations économiques lors de leur rencontre avec le président angolais", a réclamé dans un communiqué diffusé à Paris Clément Boursin de l'association ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture).
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