Le président du Malawi entre la vie et la mort après un arrêt cardiaque

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BLANTYRE (Malawi) (AFP) - (AFP)

Le Malawi attendait jeudi des nouvelles de son président Bingu wa Mutharika, transporté à l'hôpital inconscient après avoir été victime d'un arrêt cardiaque à l'âge de 78 ans.

"Il a eu un arrêt cardiaque, il est toujours inconscient, depuis 9 heures du matin" (07H00 GMT), a indiqué en début d'après-midi un responsable de l'hôpital central de la capitale Lilongwe sous couvert de l'anonymat, tandis que les autorités restaient silencieuses.

Un journal local a été jusqu'à annoncer sa mort, immédiatement relayé sur la version anglaise de l'encyclopédie en ligne Wikipedia.

Bingu wa Mutharika s'est effondré dans le palais présidentiel, et a été transporté à l'hôpital dans une ambulance, a précisé la source à l'hôpital.

Des membres de sa famille, dont sa femme Callista et sa fille Duwa, ainsi que le secrétaire de la Présidence et le ministre de l'Environnement et de l'Energie lui ont rendu visite, a-t-on également appris de source hospitalière.

Peter Mutharika, le frère du président dont ce dernier voulait faire un successeur, selon l'opposition, s'est également rendu à l'hôpital.

Un témoin a indiqué à l'AFP qu'ils avaient "le visage sombre" lorsqu'ils sont sortis.

Président depuis 2004, et très confortablement réélu en 2009, M. Mutharika est un économiste de formation qui a travaillé pour plusieurs organisations internationales dont la Banque mondiale.

Il s'est targué d'avoir "éliminé la faim au Malawi" lors de son premier mandat, après une terrible famine en 2005.Son programme en faveur des agriculteurs locaux lui a valu une réélection facile, avec les deux tiers des voix.

--"un démocrate pur et dur"--

Mais son pouvoir a été de plus en plus contesté ces derniers mois, sur fond de pénuries chroniques, notamment de carburant et de devises étrangères.De nombreux opposants ont critiqué une dérive autoritaire, de même que la plupart des donateurs étrangers qui ont coupé les vivres au pays pauvre d'Afrique australe de 14 millions d'habitants.

Bingu wa Mutharika leur a répondu en faisant adopter un budget de rigueur faisant l'apologie de l'autogestion, tandis que le cours du dollar atteignait au marché noir le double du taux officiel.

Le principal mouvement d'opposition, le Comité pour les affaires publiques (PAC), qui regroupe des personnalités de l'opposition et de la société civile, a appelé en mars le président à démissionner ou à remettre son mandat en jeu lors d'un référendum.Harcelé par la police, le groupe a dû se réfugier dans une église, où les forces de l'ordres ne pouvaient intervenir.

Bingu wa Mutharika leur a adressé une fin de non-recevoir.

Dans une interview à l'AFP il avait juré en juillet 2011 ne pas être un dictateur, quelques jours avant que des manifestations ne dégénèrent et tournent à l'émeute.Dix-neuf personnes avaient alors été tuées par la police.

"Je suis une personne très ouverte", disait-il de lui-même, "mais il faut aussi de la discipline.(...) La dictature n'est pas dans ma nature.Je suis un démocrate pur et dur".

Fils d'un directeur d'école, né dans un village du district de Thyolo (sud) perdu dans les plantations de thé, Mutharika avait débuté sa carrière politique en luttant contre la dictature de Kamuzu Banda (1964-1994).

Il fut l'un des fondateurs dans la clandestinité d'un mouvement pro-démocratie, le Front démocratique uni (UDF), qu'il quitta ensuite en 1999.

Ses fidélités à géométrie variable ont d'ailleurs été souvent considérées comme des trahisons par ceux qui en furent les victimes.Choisi à la fin des années 1990 pour devenir le successeur du président Bakili Muluzi, M. Mutharika a préféré fonder son propre parti pour défier son mentor, avant de le faire poursuivre en justice pour corruption.

Mais, à peine réélu, il a fait exclure du parti au pouvoir sa populaire vice-présidente Joyce Banda, qui en cas de décès de Bingu wa Mutharika devrait assurer l'intérim.

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