"Le prix des marchandises augmente d'un jour à l'autre, les affaires vont mal", dit-elle à l'AFP.Pas de quoi s'acheter un petit-déjeuner, la commerçante est venue ce matin-là ouvrir sa boutique qui reste aussi vide que son estomac.
L'arrêt brutal de l'économie mondiale lié à la crise du Covid-19 a frappé de plein fouet les revenus des pays émergents.Petit pays enclavé d'Afrique australe, 2e producteur mondial de cuivre, la Zambie a souffert de la dégringolade des prix des matières premières.
A l'inverse, dans les supermarchés, les prix ont commencé à flamber depuis que le pays a déclaré mi-novembre qu'il ne rembourserait plus ses créanciers.
Dans certains magasins, le prix du paquet de farine pour préparer le "meal mealie", une purée de maïs qui est le plat de base en Zambie, a augmenté de plus de 12% en trois semaines et coûte désormais 6,30 euros (141 kwacha) le paquet de 25 kg.
Le prix du kilo de pommes de terre a augmenté de 30% et coûte désormais 4,50 euros contre un peu plus de 3,10 euros auparavant.
Pour Esther Kalaba, qui vit dans la capitale zambienne, la vie devient tout simplement trop chère.Veuve et mère de trois enfants, elle raconte à l'AFP ne plus faire qu'"un repas par jour".
Avec un salaire mensuel de femme de ménage d'un peu moins de 35 euros (750 kwacha) et un loyer de 500 kwacha (22,50 euros), il ne lui reste que neuf euros chaque mois pour faire vivre sa famille.
- "Caisses vides" -
Certains médicaments commencent à manquer et "se soigner est devenu cher", constate Bright Mapiki, qui tient une pharmacie à Lusaka.
Au nord de la capitale, dans le bidonville de Chazanga, Martin Mooya ne peut plus payer l'école pour ses enfants.Tout ce qu'il gagne en faisant tourner sa petite échoppe est englouti par les courses quotidiennes.
"J'ai du mal à joindre les deux bouts et la situation s'est aggravée depuis le défaut de paiement de notre gouvernement", explique-t-il à l'AFP.
Très endettée auprès de la Chine, la Zambie, qui compte 17 millions d'habitants, a une dette extérieure estimée à plus de 10 milliards d'euros, dont la moitié vient de créanciers privés.
Mi-octobre, le pays a manqué une échéance de 33,7 millions d'euros prévue dans le remboursement d'une émission obligataire de plus de 632 millions, arrivant à échéance en 2022.L'agence de notation Standard & Poor's a alors relégué le pays dans la catégorie défaut de paiement.
Or une fois en défaut, un pays se voit appliquer des pénalités qui augmentent encore le coût de la dette, explique à l'AFP l'économiste indépendant zambien Mambo Hamaundu.
Si les caisses de l'État sont vides, "ça signifie qu'il n'y a plus d'argent pour acheter des médicaments pour nos hôpitaux, des craies pour nos écoles", résume le spécialiste.
Et c'est alors que la dette publique touche "le citoyen ordinaire", observe Nalucha Ziba, directrice de l'ONG ActionAid présente en Zambie.
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